Créateur des "Ateliers du futur papa" et auteur du livre "Nouveaux papas, les clés de l'éducation positive", Gilles Vaquier de Labaume dresse pour nous le portrait du "nouveau père"
FemininBio : À quoi ressemble le papa "moderne" ?
Gilles : Le papa de 2019 n'est sans aucun doute plus le papa d'hier ! Il est un papa engagé et bienveillant qui ne veut plus ni rester sur le côté, ni reproduire les schémas du passé, ni même devenir un simple adjoint de service, mais bien être partie prenante de cette magnifique aventure en assurant ses prérogatives au même titre que la maman. Il a compris que le temps de la parentalité est le temps de la rapidité et qu'il faut s'engager pleinement dans cette incroyable aventure pour emplir le réservoir des souvenirs et non celui des regrets. Une mentalité émergeante participe aussi à ce phénomène c'est la conciliation vie pro/vie perso, qui existait moins auparavant car le travail passait avant tout. L'homme avait cette mission et la femme celle de la maternité.
Les temps ont changés et c'est tant mieux. On voit même aujourd'hui certains cadres quitter un poste à forte valeur ajoutée pour se consacrer à leur vie de famille, chose impensable il y a encore peu... On voit aussi des papas prendre un congé parental d'éducation car leur conjointe a un meilleur salaire. C'est par l'implication et l'engagement du père que la société changera car il ne s'agit pas juste d'un enjeu restreint au cercle familial, mais bien d'un enjeu sociétal. Les choses bougent, doucement mais sûrement.
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2- Quelles sont les nouvelles difficultés auxquelles les papas d'aujourd'hui sont confrontés ?
Ce sont celles du manque de reconnaissance et de considération d'une manière globale qui peut se matérialiser par la durée congé paternité inférieure à celle de la maman, par le comportement de nombreux professionnels lors des rendez-vous sur le chemin de la grossesse qui ne prennent même pas le soin de s'adresser au papa. Cela passe aussi par l'entourage qui voit en ce papa impliqué une personne faisant montre d'une certaine faiblesse car on a toujours attribué le registre des émotions et de la parentalité à la maman. Or, "on l'a fait à deux, on doit le vivre à deux " me disent souvent les papas lors de mes ateliers.
Auparavant le père ne rencontrait pas de difficultés car il ne cherchait pas à aller sur ce territoire maternel mais ce n'est plus la cas. Cela engendre des frictions parfois avec certaines personnes qui voit en lui un homme qui s'écrase de son ADN, à savoir un homme c'est fort. Un homme cela ne pleure pas et un homme c'est fait pour éduquer durement et monter à l'enfant que la vie est dure et injuste. Il doit représenter ses valeurs pour son enfant de manière à le préparer à les affronter. Pourtant, c'est l'inverse qu'il faut faire et ils sont de plus en plus nombreux à l'avoir compris !
La difficulté peut aussi être celle de se retrouver pendant le congé paternité sans rien faire de précis, alors que l'on peut participer à plein d'actions lors de ce temps. Mais il est vrai que si on n'a pas participé à un atelier pour futurs papas, il est difficile de s'impliquer sans connaissances. Un bébé dort 18h/jour et le reste du temps il mange, les temps d'éveil sont très courts. Pourtant on peut réaliser des actions qui renforcent le lien dès les premiers jours et ces interactions sont capitales pour l'avenir.
On sait aujourd'hui de manière incontestable que l'implication du père est un puissant facteur d'épanouissement familial, il faut juste leur donner des clés concrètes qui permettent de vivre une nouvelle vie de famille car la charge mentale de la maman sera allégée. Le registre des émotions et de la maternité n'est plus uniquement rattaché au féminin, il est désormais, et de plus en plus, mixte tel que l'équilibre le recommande.
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3- Comment le nouveau papa peut-il trouver sa place et entretenir une véritable relation père enfant dans les premières années ?
Durant la première année, la relation du papa avec le nourrisson est capitale pour la construction du lien d'attachement. Si le papa ne s'implique pas et qu'il attends le premier quatre pattes de son enfant pour interagir avec lui, ce premier contact risque d'être sur la forme du "non" : non ne va pas pas, non ne touche pas ça etc... Il faut absolument que cette relation commence en même temps que la vie de l'enfant ! Le fil rouge des échanges doit être la construction du lien et au travers de tous les petits actes du quotidien que nous réalisons.
Nous ne sommes pas juste en train de réaliser un simple acte de change par exemple mais bien de construire quelque chose de virtuel et de puissant qui s'appelle le lien d'attachement et qui est notre plus précieux et plus bel héritage. La maman qui laisse de la place au papa en retrouvera vite les conséquences positives. Pourtant sur le chemin tout est tourné vers la maman, au point même parfois de se sentir inexistant lors des rendez-vous médicaux. La maman pourra se libérer de la charge mentale, reprendre ses activités plus tôt, bref elle pourra redevenir femme plus vite ! Faut-il encore qu'elle laisse sa place au papa durant cette première année, place qui est capitale pour la suite de l'histoire de de lave de la famille.
Il faut savoir qu'en France, 28% des couples se séparent dans l'année qui suit l'arrivée de bébé, ce "merveilleux chamboule-tout " joue avec nos vies, avec nos habitudes. L'arrivée d'un enfant engage la capacité du papa et celle de la maman, comme celle du couple à se transformer, à changer et changer peut être souvent synonyme de douleur pour de nombreuses personnes. c'est pourtant un passage obligé qui nous amène ensuite vers une explosion de bonheur qui nous permet d'entrer dans ce que l'on appelle l'autorité facile (vers 5/6 ans).
Le simple fait d'être parent ne suffit pas à se faire écouter par son enfant, pourtant nous sommes d'accord, c'est un argument de poids, voir un arguent choc mais qui n'est pas forcément vu de la même façon par l'enfant ! Il nous faut oublier notre mission éducative nous concentrer sur ce que l'on peut monter à notre enfant. L'exemple est le premier vecteur éducatif. Aussi on a dit aux mamans pendant des années qu'elle avait l'instinct maternel, ce qui n'est pas évident pour toutes les femmes.
Personnellement je n'y crois pas il y a certes une volonté de bien faire mais notre instinct, quand on est soumis à des cris d'un nourrisson par exemple, on ressent alors un sentiment d'incompétence, de déroute et cela peut nous porter un stress intense, donc du cortisol (molécule de stress) qui peut nous faire agir à l'inerte de la bienveillance, nous pousser à l'attaque, cela marche aussi quand l'enfant à 4 ou 5 ans.
L'instinct n'est pas notre meilleur ami. Éduquer sans crier, sans VEO, avec bienveillance et empathie pour permettre au cerveau de notre enfant d'avoir les conditions optimales à son développement nécessite un travail d'introspection qui peut passer par la lecture d'un livre et/ou de participer à un atelier, c'est pour cela que j'ai crée "Atelier du futur papa", le seul espace réservé aux futurs et aux nouveaux papas, pour acquérir des outils concrets afin de soutenir sa conjointe, choyer son bébé et au final vivre une nouvelle vie de famille.
Pour participer aux "Ateliers du futur papa", c'est par ici !
"Nouveaux papas, les clés de l'éducation positive" par Gilles Vaquier de Labaume, aux éditions Leduc.S