Le "burn in" précède le burn-out. C’est un phénomène extrêmement méconnu en France. D’ailleurs, aucun article ou étude n’est disponible sur ce sujet sur Internet. Et pourtant, le "burn in" est vraiment la phase la plus importante du burn-out dans la mesure où c’est celle qui le précède. En phase de "burn in", il est encore temps d’arrêter de s’épuiser !
Le "burn in" décrit le mécanisme d’intériorisation de l’épuisement, toute cette phase pendant laquelle la personne va ravaler ses souffrances au travail et continuer à s’épuiser toujours plus.
Théorisé par le psychologue américain Cary Cooper, le "burn in" est détaillé dans l’ouvrage Comment traiter le burn-out ? écrit sous la direction de Michel Delbrouck. Il se manifeste notamment par une présence excessive sur le lieu de travail et par une intériorisation des exigences de celui-ci. Vous êtes en plein "burn in" si vous êtes irrité, exigeant, à cran, cynique et froid vis-à-vis de votre travail, inapprochable psychologiquement, et que vous allongez excessivement votre temps de travail sous des prétextes indiscutables (ce dossier est en retard, mon client va m’échapper, ils ont besoin de moi, je suis seul à pouvoir le faire...).
Il se différencie du burn-out dans la mesure où il précède la phase de "craquage" : en "burn in", vous restez tard au bureau, vous reprenez d’autres dossiers, bref, vous êtes un genre de kamikaze de l’épuisement !
On l’aura compris, faute de prise en charge, le "burn in" et ses objectifs inaccessibles vous entraînent droit vers le burn-out.
L’urgence des soins en phase de "burn in" n’apparaît pas toujours aux yeux du malade – car on peut parler de maladie – qui commence souvent par s’enfermer dans le déni puisqu’à ses yeux tout va bien : la preuve, il travaille comme jamais avec une productivité sans cesse accrue !
Les conditions de travail jouent beaucoup dans l’apparition du "burn in" : précarisation (travail à temps partiel, emploi peu qualifié, menace du chômage...), statut d’indépendant qui oblige à rester connecté en permanence ou à dire oui à tout, management par le stress, "placardisation", harcèlement moral ou mobbing... sont autant de situations qui peuvent mener au "burn in".
Zoom sur le mobbing
Le psychosociologue suédois Hans Leymann a défini dans les années quatre-vingt-dix le mobbing par une liste de quarante-cinq agissements néfastes, dangereux et nuisibles, comme par exemple : le supérieur hiérarchique refuse à la victime la possibilité de s’exprimer, la victime est déconsidérée auprès de ses collègues, ses convictions politiques ou ses croyances religieuses sont attaquées, on se gausse de sa vie privée, on lui confie des tâches exigeant des qualifications très supérieures à ses compétences de manière à la discréditer, etc.
Êtes-vous en plein "burn in" ?
Nous avons établi ce test dans le cadre d’entretiens d’évaluation et de modules de formation en prévention de l’épuisement que nous dispensons. Il se base sur notre expertise de la gestion de carrière et de la conciliation vie professionnelle/vie familiale.
Répondez "oui" aux affirmations qui vous semblent justes :
- Même malade (rhume, rhinite, gastro...), vous vous rendez sur votre lieu de travail.
- Vous vous sentez démotivé(e), vous ne savez plus bien pour quelle raison vous faites ce travail, mais vous continuez à le faire quand même !
- L’opinion de vos collègues ou de vos pairs compte beaucoup pour vous.
- Vous somatisez beaucoup, vous développez des maux de dos, migraines... sans pour autant lever le pied.
- Vous pensez en permanence ou presque à votre travail (sous la douche, en mangeant, en vous endormant...).
- Vous êtes fatigué(e) même quand votre jouée n’a pas été épuisante
Si vous répondez "oui" à une majorité de ces questions, il y a fort à parier que vous êtes en phase de "burn in". La bonne nouvelle, c’est qu’il est encore temps d’agir pour ne pas franchir la phase ultime de "craquage". Alors mettez-vous à votre écoute et revoyez votre rapport au travail.
Cet article est un extrait du livre J'arrête de m'épuiser - Comment prévenir le burn out, de Marlène Schiappa et Cédric Bruguière paru aux Editions Eyrolles.