L'avertissement vient de l'écologiste et agrégée de biologie Michèle Rivasi, à l'origine du labo de mesure sur la radioactivité Criirad puis du Criirem, sur la pollution électromagnétique. Ses doutes sur le vaccin anti-grippe A ont pris la forme d'une lettre ouverte adressée le 26 août 2009 à la ministre de la Santé Roselyne Bachelot.
« Alors que le gouvernement a commandé 94 millions de doses de vaccins et mis en place un protocole drastique faisant preuve d'un sens de l'anticipation rare en matière de prévention sanitaire, on peut aujourd'hui s'interroger sur la relation bénéfices-risques de cette campagne de vaccination généralisée. » Très sceptique, l’eurodéputée Europe Ecologie, demande au gouvernement « avant de mettre sur le marché ledit vaccin, de répondre aux informations nécessaires concernant les effets secondaires possibles engendrés par un tel vaccin et les adjuvants utilisés pour (le) fabriquer. »
Des questions à mettre au compte d'une manoeuvre politicienne ? Peut-être. Au détail près que les premières réserves sur la stratégie prévention grippe A/H1N1pdm - pour pandémique, c'est sa nouvelle dénomination officielle - sont venus des propres rangs de la majorité. De l'urologue et professeur de médecine Bernard Debré, député UMP de Paris, qui a comparé le virus H1N1 tant redouté à une « simple grippette », « peut-être même un peu moins dangereuse que la grippe saisonnière ». Tous pays confondus, le nombre de décès approche en septembre les 3900 décès depuis l'apparition du virus H1N1 six mois plus tôt, printemps 2009 au Mexique. Contre 250 000 à 500 000 morts annuels lors de la grippe ordinaire.
On est loin, très loin de la catastrophe annoncée. « Tout ce que nous faisons ne sert qu'à nous faire peur » a déploré ce membre du comité national d'éthique lors de son interview donné au Journal du Dimanche du 26 Juillet 2009.
Les médecins pas convaincus
Un éditorial de The Lancet partage cet avis : « Les pays doivent estimer précisément les risques et les avantages d'une approbation rapide d'un vaccin contre le H1N1. D'autant plus que la maladie est bénigne et que la plupart des patients se sont totalement rétablis. » Et que la volonté de faire vite, trop vite, s'affranchit des précautions habituelles, regrette la prestigieuse revue médicale britannique.
Au fil des informations disponibles sur la grippe A/H1N1pdm, les experts et professionnels de la santé se montrent ainsi de plus en plus dubitatifs sur le recours à une vaccination de masse et menée dans l'urgence. Selon un sondage du quotidien des médecins, seuls 52 % des médecins libéraux seraient prêts à être vaccinés contre le virus H1N1. 63 % des 4000 infirmiers ayant répondu à une enquête du syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI, CF-CGC) refusent de se faire vacciner contre la grippe A « du fait d’un vaccin développé trop rapidement, et d’un adjuvant susceptible de déclencher des maladies auto-immunes » alerte un communiqué du SNPI du 1er septembre 2009. Notamment une maladie neurologique appelée Syndrome de Guillain-Barré.
« Je ne me ferai pas vacciner, alors comment dire aux gens de le faire pour eux ? Ce qu'il faut c'est le consentement éclairé de chacun. Toute personne qui souhaite se faire vacciner doit être informée du rapport bénéfices/risques » souligne dans Rue 89 Thierry Amouroux, le secrétaire général du SNPI. « Le vaccin contre le H1N1 n’est pas un vaccin normal, poursuit-il dans une interview donnée au quotidien gratuit Metro. Il a été conçu de manière très rapide et n’a été testé que sur un très faible nombre de personnes. Que l’on passe sans transition d’un produit testé sur quelques centaines de personnes à un produit injecté dans la foulée à quelques dizaines de millions d’autres, c’est un vrai souci. »
Cette méfiance du corps médical, forgée en France au fil des scandales du sang contaminé ou des vaccins contre l'hépatite B, se retrouve tous pays confondus. Un sondage mené fin août au Royaume-Uni montre que 30 % des 1500 infirmières interrogées refuseraient de se faire vacciner et 33 % sont indécises. A Hong-Kong, près de la moitié du personnel soignant refuseraient la vaccination. Autant par crainte des effets secondaires que par doute de l'efficacité du vaccin.