Mi-décembre une jeune femme victime d'un accident vasculaire cérébral a porté plainte dénonçant les risques liés à la pilule de 3ème génération.Depuis, Marisol Touraine, Ministre de la santé a annoncé que ces pilules ne seraient plus remboursées à partir de Mars 2013. Pourquoi ne faut-il pas banaliser la pilule, quels sont les vrais risques liés à la prise d'hormone comme moyen de contraception, quels moyens naturels peuvent accompagner la prise de pilule ? Le Dr Bérengère Arnal, gynécologue, fondatrice de l'association Au sein des femmeset membre du comité éthique et scientifique de FemininBio lève le voile sur les dangers liés aux médicaments hormonaux.
Pourquoi la pilule est-elle devenu "banale", et surtout le premier moyen de contraception à être prescrit aux jeunes filles ? Cette tendance peut-elle changer ?
Nous allons fêter cette année le 40ème anniversaire de la mise sur le marché en 1973 de la première pilule contraceptive, Stédiril. Ce futune libération pour la femme que l’on ne peut nier, une protection face aux risques en lien avec l’avortement. Mais sans parler de la longue liste d’effets secondaires, la pilule contraceptive a placé la femme dans une situation d’asservissement face à la contraception du couple. C’est à la femme d’assumer seule la contraception, non sans risques.
D’autre part, la banalisation de la pilule la fait considérer par la jeune fille, commeun produit inoffensif (presque comme un bonbon). Il est de bon ton dès le collège, de faire comme les copines, fumer et prendre la pilule, ce qui en aggrave les risques. Et parfois même sans qu’elle ait un réel besoin contraceptif, ou juste pour empêcher des règles douloureuses (des traitements naturels sont souvent suffisants pour cette indication) … Il y a une nécessité de rappeler que le préservatif masculin est une priorité pour la protection contre les maladies sexuellement transmissibles,il ne doit pas être oublié.
Enfin, la tendance à la prescription prioritaire de la pilule aux jeunes filles ne paraît pas devoir s’inverser.
Les risques sont-ils similaires pour les autres moyens de contraception hormonaux ? (stérilets, patch etc)
Le stérilet au cuivre ne majore pas le risque.
Il n’est pas mentionné dans la fiche Vidal que le stérilet au lévonorgestrel majore le risque.
L'anneau vaginal oestro-progestatif majore le risque mais semble-t-il moins que les pilules de 3ème et 4ème génération.
Le patch oestro-progestatif majore le risque de façon telle que la Revue Prescrirea publié un article en 2007 sur la balance bénéfices-risques de plus en plus défavorable.
Faut-il, comme le préconise l'ANSM(Agence Nationale de Sécurité du Médicament), réserver la prescription de pilule aux seuls gynécologues ?
c’est une offense faite aux médecins généralistes, qui sont tout autant capables que les gynécologues, d’apprécier les risques par l’interrogatoire, de prescrire un bilan complet (lipidique, glycémie, thrombophilie), de conseiller l’arrêt du tabac, de l’alcool, de choisir la pilule la plus adéquate
Les médecins (notamment du CNGOF) craignent la "panique à la pilule" et par conséquent une augmentation du nombre d'IVG en France. Qu'en pensez-vous ?
C’est un risque effectivement, et je pense qu’il ne faut pas tomber dans une situation de diabolisation de la pilule. Certaines pilules anciennes (qui ont 20, 30, 40 ans d’existence) devraient être retirées du marché ou tout au moins déremboursées. Et surtout, la prescription d’une pilule par le médecin devrait être moins banalisée, plus encadrée, moins dépendante du pouvoir des laboratoires.
Que conseillez-vous aux femmes qui prennent la pilule depuis des années ?
Je leur conseille de mettre un stérilet au cuivre, même aux femmes sans enfant, il s’agit alors d’un plus petit stérilet. Si elles ne souhaitent plus d’enfant, je propose au mari une vasectomie ou à la femme une méthode de stérilisation définitive (ligature des trompes ou méthode Essure).
Quels sont les moyens naturels qui peuvent accompagner la prise de pilule et ainsi en diminuer les effets secondaires ?
L'homéopathie, la phytothérapie, l’oligothérapie peuvent être proposées et associées pour une meilleure tolérance de la pilule.
Que répondez-vous à ceux qui rétorquent que le risque de thromboses est deux fois plus élevé au cours d'une grossesse qu'avec une contraception ?
Je leur réponds que si une femme prend déjà un risque plus important de thrombose au cours de sa vie lors de ses grossesses, il ne me semble pas judicieux pour sa contraception de continuer à majorer ce risque.