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Résultats de l’étude nationale de surveillance des expositions alimentaires aux substances chimiques

Mis à jour le 25 février 2021
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (ANSES) vient de rendre publique ce jour son étude sur l'exposition des consommateurs aux contaminants présents sous forme de résidus dans l'alimentation.

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Résultats de l’étude nationale de surveillance des expositions alimentaires aux substances chimiques

Cette étude, dite de l'alimentation totale (EAT 2 2006-2010), couvre plus de 250 aliments, 20 000 produits disponibles sur le marché, pour lesquels près de 361 contaminants potentiels auraient été recherchés, afin de permette d'évaluer l'exposition des consommateurs et d'en exploiter les résultats au regard des seuils réglementaires.

Pourquoi ce type d'études ?
Réalisées à l'échelle nationale, les études de l'alimentation totale (EAT) ont pour objectif premier de surveiller l'exposition « bruit de fond » par voie alimentaire de populations à des substances d’intérêt en matière de santé publique. Deux types de substances sont ainsi surveillées :
  • d’une part des contaminants- résidus de produits phytosanitaires, contaminants de l'environnement, composés néoformés, toxines naturelles,…- , mais aussi des additifs, pour lesquels il s’agit de s’assurer que le niveau d’exposition de la population n’est pas à risque sur le long terme ;
  • et, d’autre part, des nutriments – minéraux ou oligoéléments notamment – pour lesquels on cherche à s’assurer que les besoins de la population sont couverts et ne dépassent pas les limites de sécurité définies.

Les résultats
Un bon niveau global de maîtrise sanitaire
Pour 85% des substances qui ont pu faire l’objet d’une évaluation, le risque peut être écarté pour la population générale, l’évaluation des expositions des consommateurs restant toujours en deçà des valeurs toxicologiques
de référence disponibles (VTR).
Par ailleurs, pour les pesticides, qui ont fait l’objet de la recherche de 283 substances actives phytopharmaceutiques, les résultats confirment les données des plans de surveillance et de contrôle qui font apparaitre un niveau de conformité supérieur à 95% au regard des seuils réglementaires.

Des évolutions à la baisse et à la hausse par rapport aux études antérieures
Comparés aux résultats d’EAT 1 (2000-2004), des évolutions positives, pour des substances comme le plomb ou certains polluants organiques persistants, sont constatées : ainsi, concernant les dioxines et PCB les derniers résultats montrent que le pourcentage d’adultes et d’enfants potentiellement exposés à des niveaux supérieurs au seuil toxicologique considéré comme sans risque pour une exposition de long terme (VTR) est passé de 20
à 28% en 2005 à moins de 1% aujourd’hui. Cette évolution favorable est notamment la conséquence d’une interdiction des PCB en France depuis désormais plus de 15 ans et de la mise en place d’une règlementation sur l’ensemble de la chaine alimentaire aussi bien pour les dioxines que les PCB.
A l’inverse, par rapport à EAT1, on observe une hausse des expositions pour certaines substances comme le cadmium, l’aluminium, le chrome, ou encore certaines mycotoxines comme le déoxynivalénol (DON). Ce constat éveille effectivement des craintes.

Des risques de dépassement pour une douzaine de substances
Pour une douzaine de substances, le risque de dépassement de VTR ne peut être exclu pour certaines catégories de la population, souvent caractérisées par une forte consommation de certains aliments spécifiques : c’est le cas de certains composés inorganiques (cadmium, arsenic inorganique, aluminium, méthylmercure), des sulfites (additif présent notamment dans le vin), d’une mycotoxine (deoxynivalénol, dit DON, et ses dérivés), de l’acrylamide
(composé néoformé lors de la cuisson) et d’un pesticide (diméthoate). C’est également le cas pour le plomb et les PCB, malgré les baisses d’exposition constatées par rapport à EAT1. Ces constats sont cohérents avec ceux établis par d’autres organismes ayant évalué les risques liés à ces substances (EFSA, OMS).
Par ailleurs, on soulignera que la plupart de ces substances ont fait l’objet d’une réévaluation à la baisse de leur VTR ces dernières années, suite à la prise en compte des dernières données scientifiques disponibles de leurs effets potentiels sur la santé.

Une alimentation diversifiée pour prévenir le risque de dépassement
Certains aliments ont été identifiés comme contribuant de manière notable à l’exposition à plusieurs de ces substances pour lesquelles un risque ne peut être exclu. Il s’agit d’aliments fortement contaminés mais consommés en quantité significative par des populations très réduites (thon notamment). Mais il peut aussi s’agir d’aliments qui ne sont pas nécessairement très contaminés, mais qui sont très consommés. Ainsi, pour quelques substances, les
contributeurs majoritaires sont par exemple les céréales et les produits qui en sont dérivés (cadmium, plomb, aluminium, DON et dérivés), le café chez les adultes (cuivre, arsenic inorganique et acrylamide) et, dans une moindre mesure, le lait chez les enfants (plomb, zinc). Les actions de gestion des risques afin de réduire les teneurs de ces contaminants dans les aliments principalement contributeurs (réglementation et actions auprès des filières) doivent être poursuivies.
D’autres aliments contribuent fortement à l’exposition à certaines substances car ce sont les aliments présentant les plus fortes teneurs. C’est le cas des poissons gras, contaminés en dioxines et PCB, ou du thon, contaminé en méthylmercure. Pour ces aliments, il convient de respecter les recommandations de consommation de poissons
émises par l’Anses. Ces recommandations permettent d’assurer une couverture optimale des besoins en nutriments tout en limitant le risque de surexposition aux contaminants chimiques.

Des risques d’excès ou de déficit de certains minéraux sur le plan nutritionnel
Concernant le sodium, le risque d’apports excessifs ne peut être écarté pour la population générale. Il convient ainsi de poursuivre les efforts de réduction des apports, à travers une réduction des teneurs en sel des principaux contributeurs (pain et produits de panification sèche, charcuteries, fromage,...), en conformité avec les orientations du plan national nutrition santé.
Le risque d’insuffisance d’apports n’a pu être écarté pour le calcium, le magnésium, le fer, le sélénium, le cuivre et le zinc. Le risque d’apports excessifs ne peut être écarté pour le zinc et le cuivre.
Concernant les phyto-estrogènes, le risque peut être écarté pour la population générale. Néanmoins, il convient de mener des études spécifiques pour évaluer les apports des forts consommateurs de produit à base de soja.

"Des limites remarquables" souligne Générations Futures
Au-delà des conclusions de l’ANSES, Générations Futures tient à signaler les limites de ce travail. En effet, l’étude ne dit rien du risque réellement couru par le consommateur. Ainsi :
  • Les valeurs d’exposition sont comparées à des valeurs toxicologiques de référence dont on voit qu’elles ne sont parfois pas protectrices des populations (exemple aspartame)
  • L’étude ne prend pas en compte l’interaction des molécules entre elles. En ce sens elle ne répond pas aux questions que Générations Futures (GF) posaient en décembre dernier sur les effets combinés des 47 substances suspectées d’être cancérigènes et 37 perturbateurs endocriniens ingérés dans une journée dans le menu analysé par GF et ses partenaires : menustoxiques.fr
  • L’étude ne prend pas en compte le mode d’action particulier des perturbateurs endocriniens
  • Enfin, certains contaminants ne sont pas étudiés (ex BPA, Aspartame, antibiotiques)

«Nos organisations admettent que cette étude permet de fournir à l’ANSES la nature de nombreux mélanges chimiques ingérés par les consommateurs. Nous demandons à l’Agence de rechercher très activement tous effets de synergie entre les substances de ces mélanges et ce de manière systématique en utilisant les méthodes scientifiques les plus récentes et notamment celles de toxicogénomique» déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.

« C’est un rapport utile mais peu utilisable dans la pratique et surtout je regrette qu’il ne donne pas suffisamment de recommandations pour encadrer les pratiques des industriels de l’agro-alimentaire qui sont en partie à revoir. » déclare le Docteur Laurent Chevallier, consultant en nutrition.


Pour aller plus loin
Avis et rapport relatifs à l'Etude de l'alimentation totale française 2 (EAT 2, Juin 2011)
Tome 1 : Contaminants inorganiques, minéraux polluants organiques persistants, mycotoxines
Tome 2 : Résidus de pesticides, additifs, acrylamide, hydrocarbures aromatiques polycycliques


En savoir plus sur l'ANSES et sur Générations Futures
Stéphanie Jarroux

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