Marielle, journaliste de 28 ans, a décidé récemment d'expérimenter la pratique du zen dans un monastère bouddhiste, à Weiterswiller, dans le Bas-Rhin. Elle nous raconte son séjour enthousiasmant.
Ce qui m’a donné envie de partir
Avant cette retraite, je ne connaissais pas grand-chose à la pratique du zen. J’en avais entendu parler lors de quelques cours de yoga, et je n’étais pas étrangère à l’impression générale de sérénité qui accompagne le bouddhisme. J’avais également été très marquée par un film allemand, Enlightenment Guaranteed, et ma connaissance du zazen venait principalement de là.
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Cette comédie, sortie en 2000, raconte l’histoire de deux frères allemands qui s’embarquent pour une retraite zen au Japon et en apprennent beaucoup sur eux-mêmes à travers une série d’épreuves. Ce film m’avait donné envie de marcher sur les traces de ces personnages, et je me demandais si moi aussi, je pourrais connaître un tel éveil spirituel.
Des dojos un peu partout en France
N’ayant pas la possibilité de me rendre au Japon, j’ai découvert avec joie que le sol français accueillait de nombreux temples bouddhistes. J'ai choisi le monastère Ryumon Ji, situé non loin de Strasbourg, car il présente l’avantage de proposer de nombreuses retraites destinées aux débutants tout au long de l’année. C’était l’été et le calendrier indiquait les dates du “Sesshin” (stage intensif de méditation) avec un accueil spécial pour les nouveaux. Le prix accessible et l’ambiance, semblant très bienveillante, ont achevé de me convaincre. Je me suis inscrite et ai reçu les informations relatives à mon arrivée au monastère.
Une journée type ?
Pour la couche-tard que je suis, le descriptif d’une journée type fut une pilule difficile à avaler. Voyez plutôt : cloche du réveil à 6h suivie d’1h30 de méditation assise (zazen) et cérémonie, puis d’un petit-déjeuner rituel (genmai) avec chant de sûtras. Ensuite commence le samou (travail pour la communauté: jardinage, cuisine, travaux d’entretien...) et une autre séance de zazen qui achève la journée, avec extinction des feux à 21h30 et silence total jusqu'au lendemain à 8h30.
La pratique du zazen est le fondement de cette retraite, mais de quoi s'agit-il exactement ? Le mot « zazen » désigne la méditation assise. Pour la pratiquer, il suffit de s’asseoir à l'aide d’un zafu (coussin adapté à la pratique) et d'adopter une posture fixe, face au mur. Autant dire que le premier jour, à 6h du matin, se prêter à l’exercice m'a semblé un peu rude ! Des conseils judicieux sont donnés aux débutants, comme l’art de trouver la bonne posture, ou celui de savoir poser son regard sans rien regarder en particulier. J’ai beaucoup appris durant les Mondo (questions-réponses où le maître donne des explications aux élèves) et les différents cours d’initiation. La pratique est difficile au début, mais l’exercice s’avère très enrichissant : on entrevoit la possibilité d’observer ses pensées sans chercher à les contrôler ou émettre de jugements. Quelle libération d’apprendre que nous n’avons rien de spécial à accomplir ! Il faut simplement être là, assis. Les sessions de zazen (30 minutes environ) sont entrecoupées d’épisodes de kinhin (méditation en marchant lentement). Le cadre idyllique du monastère avec ses potagers et son jardin de pierres rendent ces moments très agréables.
Le rituel des repas
Les repas au monastère sont pris en silence selon un rituel très particulier. Toute une chorégraphie spirituelle se déploie autour de l’acte de se nourrir : dénouer son oryoki (bol traditionnel), le préparer, servir les autres, nettoyer son bol, et tout cela en chantant des sûtras (à cet effet, heureusement que des antisèches étaient prévues sur les tables !). Ce rituel m’a quelque peu désarçonnée au premier abord, tant je suis habituée à des moments de discussion autour d’une table. Comment faire du repas un espace de partage sans se parler ? En réalité, il suffit d’être attentif aux besoins des autres, de les gratifier d’un léger hochement de tête ou d’un gassho (salut mains jointes) en respectant leur calme. Très vite, j’ai beaucoup apprécié ces moments et n’y voyais plus rien d’étrange. De plus, les repas servis au monastère -tous végétariens- sont préparés à base de légumes et d’herbes aromatiques venant du jardin et cultivés durant les samous. Nous partagions donc une nourriture élaborée ensemble, avec le sentiment gratifiant d’avoir tous apporté une pierre à l’édifice.
Un bilan très positif
J’ai fait de très belles rencontres durant cette retraite, qu’il s’agisse des nonnes et moines présents ou des personnes d’horizons très différents venus pratiquer la méditation. Nos discussions ont été profondes et sincères. Grâce à la pratique de zazen et aux enseignements prodigués, j’ai pu expérimenter une nouvelle manière d’appréhender le quotidien en vivant pleinement le moment présent. J’ai également eu le sentiment de réapprendre à écouter le silence et à communiquer autrement, grâce aux périodes sans parole, où seuls les sons viennent guider les actions (son d’une cloche spécifique indiquant le repas, bruits de claquettes de bois indiquant l’heure du coucher, etc.)
J’ai aussi adoré le maître zen chargé de notre apprentissage, qui était doté d’un grand sens de l’humour. Grâce à lui, j’ai eu accès à une vision décomplexée du bouddhisme, où chacun fait de son mieux et est le bienvenu. Cela m’a donné l’envie de continuer à méditer chez moi, et de m’octroyer des moments de pause zazen. Dans notre rythme de vie souvent stressant, c’est une vraie leçon d’apprendre que nous pouvons vivre des moments où rien n’est attendu de nous à part le simple fait d’être présent. Un grand moment de partage, de sérénité et d’humanité, en somme !
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