De plus en plus, les hommes sont concernés dans les parcours de PMA (Procréation Médicalement Assistée) puisque les pathologies d’ordre masculine sont en évolution constante. Une étude israélienne récente (juillet 2017) publiée dans Human reproduction update, confirme que la concentration de spermatozoïdes des hommes dans les pays occidentaux a chuté de 50 % en moins de 40 ans !
Ressenti des hommes en parcours de PMA
Les hommes verbalisent moins leur souffrance, et souvent font preuve de pragmatisme en se raccrochant à des données chiffrées. Il est bien évident que les hommes ne peuvent très exactement comprendre la souffrance d’une femme en mal d’enfant. Ils n’ont pas d’utérus et d’ovaires et ne connaissent pas la sensation physique que peut générer le désir d’enfant. Mais ce désir est tout aussi prégnant chez un homme.
Lorsque le diagnostic tombe et que le mot « infertilité » est prononcé, l’homme n’est pas moins concerné, surtout si la cause d’infertilité est masculine. Le parcours de PMA est un peu virtuel pour les hommes, dans le sens où ils ne peuvent subir les traitements même s’ils sont les porteurs du problème, puisque seules les femmes peuvent subir les traitements.
Paul, 42 ans partage avec nous son ressenti "Je rêve de jouer un jour avec mon enfant au foot, à la poupée… Je ne suis pas jaloux des papas que je croise, mais j’ai un pincement au cœur en me disant qu’ils ne mesurent pas la chance d’avoir un enfant !"
Une virilité mise à mal, sans mot pour l’exprimer
Il faut avoir bien conscience que si les soucis viennent du côté de l’homme, sa virilité va être immédiatement touchée par cette annonce, les hommes font souvent le lien entre fertilité et virilité. Évidemment les deux items n’ont pas de liens, mais le raccourci se fait presque instinctivement, et va entraîner chez l’homme différents sentiments comme :
L’inutilité : Il est ressenti un sentiment de ne servir à rien dans cette étape du couple si essentielle : la reproduction. Il va se comparer à la qualité de son sperme, se sentir sans intérêt et ressentir un sentiment de médiocrité.
La culpabilité : car il demande à sa conjointe de subir des traitements lourds et contraignants pour pallier son problème.
Une baisse de libido : car le sentiment d’inutilité et de médiocrité l’amène à perdre cette envie de partager l’intime avec sa partenaire, ne pouvant lui donnant un enfant.
Dans le cas où l’homme n’est pas le principal concerné ou pas concerné par une pathologie, son ressenti est différent, mais pas moins fort. L’homme va souvent dans le couple jouer le rôle de celui qui rassure, qui calme, qui est le médiateur avec le praticien. Il n’est pas rare d’entendre les femmes dire que leur conjoint se fiche de ces traitements et de sa souffrance, mais il n’en est évidemment rien. Enfin, il est important d’avoir en tête que les hommes consultent de manière plus tardive et moins souvent un médecin qu’une femme. Et ils sont rarement soumis à des examens physiologiques. Ce qui va engendrer un état de grand stress et de gêne chez les hommes qui doivent se soumettre à des examens de type spermogramme. Les hommes sont souvent moqués pour leur réticence ou leurs angoisses lors de ce type d’examens, mais rappelons que les femmes ont plus l’habitude de faire des examens gynécologiques et que le spermogramme impose aux hommes de reproduire un acte à connotation sexuelle (masturbation et éjaculation), ce qui n’est pas le cas dans les examens féminins.
ZOOM SUR :
Les grandes causes de l’infertilité masculine par le Pr Renato Fanchin
Coordinateur des Centres de PMA de l’hôpital Antoine Beclere à Clamart (2002-2016) et de l’hôpital Foch à Suresnes (2016-2018)
Aujourd’hui Gynécologue spécialiste de la reproduction rattaché à la Clinique de La Muette
En dehors des troubles de la fonction sexuelle et de certaines malformations de l’appareil génital masculin, un homme est susceptible d’avoir des difficultés à devenir père lorsque son sperme présente des anomalies du nombre, et/ou de la mobilité, et/ou de la morphologie des spermatozoïdes. Pour avoir une idée, sachez qu’on parle de :
Oligozoospermie : nombre réduit de spermatozoïdes dans le sperme. Lorsque le sperme ne contient pas de spermatozoïdes on parlera d’azoospermie.
Asthénozoospermie : pourcentage réduit de spermatozoïdes mobiles.
Tératozoospermie : concerne les spermatozoïdes présentant une anomalie de morphologie, qui peut concerner toutes ses parties (tête, pièce intermédiaire et flagelle...);
Nécrozoospermie : lors d'un pourcentage élevé de spermatozoïdes morts.
Il est conseillé pour l’homme chez qui on décèle une pathologie du sperme de consulter un andrologue ou un gynécologue spécialisé en Médecine de la Reproduction. Une recherche des causes sera alors réalisée et selon le type et l’importance des anomalies, l’homme se verra proposer des mesures d’optimisation de son sperme. Dans des cas plus sévères, le couple pourra bénéficier d’une fécondation in vitro avec injection de spermatozoïde dans l’ovocyte (ICSI, solution qui reste très efficace. Dans certains cas d’azoospermie, un prélèvement spermatique directement dans les testicules suivi d’ICSI donne des bons résultats. Enfin, face à des situations réfractaires, le recours à un don de sperme via le CECOS (Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains) peut être discuté.
Notre experte :
C’est après un parcours de 4 ans en PMA que Déborah Schouhmann Antonio elle a compris l’utilité d’être accompagné dans ce chemin de vie. Elle a imaginé sa propre méthode d’accompagnement en périnatalité, avec une spécialisation en infertilité, mixant des outils de coaching, de thérapie et de visualisation. Elle travaille en collaboration étroite avec des gynécologues en PMA, afin de créer un lien entre patients et médecins. Déborah Schouhmann Antonio a été l’initiatrice de la 1er Journée de l’Infertilité en 2014.
Adresses utiles :
CECOS
Pour allez plus loin :
Le site de Déborah Schouhmann Antonio
Auteur du livre Infertilité : mon guide vers l’espoir, éditions Jouvence.
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