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Le corps et l’esprit, comprendre l’un pour soigner l’autre

Mis à jour le 25 février 2021
Danis Bois est une personnalité hors norme. Le petit garçon qui ne comprenait rien à l’école est désormais professeur agrégé, titulaire d’une chaire de psychopédagogie perceptive à l’Université Fernando Pessoa au Portugal et dirige un laboratoire de recherche. Rencontre avec un des pères de la fasciathérapie.

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Le corps et l’esprit, comprendre l’un pour soigner l’autre

« J’ai arrêté l’école à 14 ans, pour devenir apprenti coiffeur dans le salon de mon père. J’étais un enfant nul, vraiment nul, je ne comprenais rien à ce qu’enseignaient mes professeurs ». C’est un portrait sans complaisance de l’écolier qu’il était que dresse Danis Bois. Par chance, la relation qu’il entretient avec l’institution de Jules Ferry ne s’arrête pas là. « J’avais 25 ans, j’étais marié et je venais d’avoir une petite fille quand j’ai eu un déclic. Je me suis dit que je voulais reprendre mes études et devenir médecin. Je me suis renseigné auprès du pharmacien pour savoir comment procéder ! »

Il fallait commencer par passer le bac, c’est chose faite en 7 mois. Puis, une bourse lui permet de se tourner vers des études de kinésithérapeute. Son diplôme en poche, il exerce ce métier avant de devenir ostéopathe. Mais « à un moment donné, je ne me suis plus retrouvé dans ces médecines. J’avais conscience que l’on s’adressait à l’organisme, mais pas à la personne ». Danis Bois se détourne donc de ces pratiques manuelles pour développer le toucher de relation. « Il s’agit d’intégrer une dimension humaine au travail sur le corps ».  Ainsi se développe la fasciathérapie.

Loin de s’arrêter à ce succès, Danis Bois continue de réfléchir à la relation entre la souffrance physique ressentie par l’organisme et le rapport du patient avec son corps. Les connaissances manquant, l’ancien kiné n’hésite pas à reprendre le chemin de l’école. « Les gens ne comprenaient pas pourquoi je retournais à l’école. Il faut dire que j’avais 41 ans ! Mais je voulais apprendre et comprendre. J’ai obtenu un diplôme de psychologie cognitive, puis un master de psychopédagogie curative et huit ans plus tard, je soutenais ma thèse de doctorat, Le corps sensible et la transformation des représentations chez l’adulte. J’ai passé mon agrégation il y a quelques mois seulement… j’ai 62 ans ! ». En parallèle de ses études, et grâce aux réflexions qu’il en retire, Danis Bois développe une nouvelle discipline, la somato-psychopédagogie, qui vise à « créer une unité prenant en compte la dimension psychique et corporelle de la personne ».

Comme il tient à le souligner, c’est son expertise qui lui a permis d’aller si loin : « j’avais une double expertise, la connaissance du corps et celle de l’esprit ». Mais son expérience auprès des patients - plus de 30 ans de pratique – compte aussi : « la mise au point des gestes et des touchers [pour les deux disciplines] s’est faite lentement. C’est le fruit d’une passion de 30 ans ».

Il y a 15 ans, et après dix ans de métier, Danis Bois a quitté le milieu des médecines naturelles et alternatives pour la recherche. « Mon but est de scientificiser les approches naturelles, de promouvoir la potentialité humaine et de comprendre la relation entre le corps et l’esprit, d’un point de vue scientifique » explique-t-il.

Touche à tout, le dossier qui lui tient à cœur actuellement est ambitieux. « Je veux donner la parole au patient » annonce-t-il, avant d’expliquer « je veux lui permettre d’exprimer son ressenti vis-à-vis de sa maladie. Cela peut aider les médecins à apporter les soins les plus adaptés ». Car Danis Bois se défend de tout extrémisme. « Il faut développer l’éducation thérapeutique pour permettre au patient de mieux gérer sa maladie dans son ensemble. Il doit être pris en charge dans sa globalité, ce qui nécessite une approche pluridisciplinaire. Une seule discipline ne peut pas résoudre tout, elle doit s’appuyer sur les autres. Je suis ouvert à la médecine classique, elle a son intérêt. Mais je voudrais participer à la faire évoluer, pour que la relation soignant/soigné soit plus égale.».

Danis Bois s’est ainsi tracé une nouvelle piste de travail, basée sur l’ouverture et au travail de mise en relation entre la médecine traditionnelle et les médecines alternatives et complémentaires. « Je peux faire ce travail, car je suis reconnu dans la communauté scientifique, grâce à mes études ». La boucle est bouclée. « La vie est faite de revanches, et moi, je l’ai eue ».
 
Anne Ghesquière

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