Né en Italie en 1986, le mouvement Slow Food voulait s’opposer à la malbouffe et aux fast-foods qui envahissent les villes, et privilégier à la place la cuisine comme art de vivre, expérience gastronomique et activité responsable envers l’homme et l’environnement. Et c’est donc naturellement en Italie que quelques années plus tard, une nouvelle déclinaison du mouvement Slow a vu le jour. Dans la lignée directe de son illustre prédécesseur, le concept de Slow City ne s’intéresse plus seulement à la nourriture, mais à tout ce qui participe à la qualité de vie des citoyens dans leur ville.
Les maires des quatre villes italiennes à l’origine de ce label (Orvieto, Braga, Greve in Chianti et Positano) voulaient s’engager durablement dans une forme de résistance à la mondialisation, tout en permettant à leurs administrés de vivre dans un cadre de vie plus agréable. Pour cela, une nécessité s’impose : lever le pied pour prendre le temps de repenser le rythme de vie, le rendre plus logique, s’intéresser à ce qui entoure la ville.
La charte de Città Slow décrit ainsi les communes qui adhèrent au réseau comme des lieux où l’homme est encore acteur de la lenteur et s’adapte au passage des saisons, mais aussi comme des villes respectueuses de la santé des habitants, de l’authenticité des produits de la terre et de la bonne cuisine, riches de traditions artisanales et culturelles, de lieux de vie et d’échange, de paysages, et caractérisées par la spontanéité d’un mode de vie lent et tranquille.
Le processus d’adhésion au réseau est à l’image de la philosophie qu’il porte : « Etre labellisée Cittaslow implique une réflexion autour de l'aménagement du territoire, de son patrimoine architectural et culturel pour se fixer des critères d'excellence à atteindre » peut-on lire dans le bulletin municipal en ligne de Labastide d'Armagnac (Landes), deuxième ville française à avoir été labellisée, en avril dernier.
Il est vrai que le cahier des charges est pointilleux. Le manifeste de Città Slow retient 70 recommandations, réparties dans six domaines, allant de la politique environnementale à la mobilité, en passant par l’aménagement du territoire, la valorisation des productions locales, l’hospitalité et le bien-être général. Pour pouvoir présenter son dossier de candidature, une ville doit déjà suivre au moins 50% de ces 70 recommandations. Un critère est éliminatoire d’office : la taille de la ville candidate, obligatoirement inférieure à 60 000 habitants. La raison de cette limite est évidente : les grandes villes sont incompatibles avec la philosophie du mouvement Città Slow, car l’homme n’est alors plus en mesure de percevoir sa ville dans sa globalité.
Cet éloge de la lenteur et de la convivialité retrouvée est un signe qui souligne une fois de plus l’envie des gens de réapprendre à vivre ensemble. La preuve, en à peine 15 ans d’existence, l’association italienne est devenue un réseau mondial, regroupant 147 villes dans 24 pays répartis sur les cinq continents. Les Italiens ont lancé une dynamique qui n’est pas prête de ralentir.
Pour en savoir plus :
cittaslow.org (en italien et en anglais)
Les deux villes français labellisées Città Slow : Ségonzac et Labastide d’Armagnac
Boutique FemininBio