Cet article a été publié dans le magazine #31 novembre-décembre 2020
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Qu’est devenue Vanessa Demouy ? On l’a connue adolescente très médiatisée, elle revient aujourd’hui sur le devant de la scène à la télévision. Elle a eu une longue carrière, jalonnée d’autant de réussites que de remises en question. Aujourd’hui elle vit au vert dans le Sud de la France où elle pratique la méditation et la marche active, dont elle se plaît à partager quelques images avec son public sur ses réseaux sociaux.
Amoureuse de la cuisine, celle qui se dit «légumes addict» a trouvé une place particulière au casting de la nouvelle série de TF1 Ici tout commence, dans laquelle elle tient l’un des rôles principaux aux côtés notamment de Clément Rémiens, Elsa Lunghini ou encore Francis Huster.
Au cœur d’une école qui forme les étoiles de la gastronomie, les récits s’entremêlent autour d’une dynastie de chefs et de la vie des professeurs et des élèves.
Un programme prometteur, et une actrice avec laquelle nous avions à cœur de partager quelques instantanés de vie.
FemininBio : Chère Vanessa, le thème de ce numéro est l’évolution, qu’est-ce que cela signifie pour vous?
Vanessa Demouy : C’est à mes yeux quelque chose de riche, de multiple, c’est une promesse. Elle veut dire que rien n’est figé. J’aime à prendre cette notion du côté positif. Elle donne aussi de l’espoir. Alors que certaines choses peuvent sembler aujourd’hui inaccessible, elles ne le seront pas demain.
J’ai beaucoup travaillé sur les croyances qui empêchent de se réaliser. Mais tout est évolution, même les mauvaises rencontres. Et aujourd’hui je peux le dire, chaque rencontre a contribué à la personne que je suis devenue.
Oui, l’évolution, c’est le mouvement, c’est la vie!
Parlez-nous de votre retour à la télévision dans Demain nous appartient, et des liens avec votre personnage.
La série est arrivée dans un moment de doute, de ceux où l’on se dit "je ne sais plus qui je suis". Je n’y croyais plus vraiment. Demain nous appartient m’a offert un rôle de femme fragile et forte à la fois, aussi sombre que solaire. Je partage une hypersensibilité avec Rose Latour, le personnage que j’incarne à l’écran. Évidemment ses traits sont poussés à un extrême que je n’atteins pas, puisqu’elle est bipolaire. Elle a mené beaucoup de combats et a énormément souffert. Toutefois c’est un personnage plein d’espoir et un rôle très riche pour une comédienne, avec beaucoup de sous-textes. Cette saga au cœur de la série devait durer une saison d’été, et finalement elle traverse le temps.
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Et dans Ici tout commence?
Dans cette nouvelle série, on retrouve des personnages de Demain nous appartient et il y aura des histoires croisées entre les deux programmes. Elle va donner une dimension nouvelle au personnage complexe de Rose Latour, et je m’en réjouis.
Vous-même appréciez l’univers culinaire?
Je suis très épicurienne et suis venue à la cuisine par l’art de la table. Depuis toute petite je suis fascinée par la vaisselle, l’argenterie de ma grand-mère, les jolies tables. Aussi, dès que j’ai commencé à gagner un peu d’argent j’ai eu envie de m’acheter de la jolie vaisselle. Je ne savais pas cuisiner, et je m’y suis mise pour pouvoir l’utiliser. De la même façon j’aime beaucoup les carafes et la verrerie ce qui m’a amené à m’intéresser à l’univers du vin.
Vous aimez vous former dans différents domaines?
Oui c’est ce qui m’a sauvée! Vous savez, j’ai arrêté l’école très jeune, et j’ai développé un petit complexe que j’ai appris à canaliser grâce à ma curiosité. Je continue à m’instruire car j’ai cette faculté de dire que je ne sais pas pour que l’on m’explique.
J’aime la transmission. Je trouve que les gens passionnés sont passionnants, et qu’il est toujours incroyable d’entendre quelqu'un parler d'un sujet qui l'anime. Je vois un côté gourmand dans leur façon de s’exprimer, de faire passer leur ferveur.
En parlant de transmission, vous êtes mère de deux enfants, dont un adolescent. Quelle mère êtes-vous?
Je suis une mère parfaitement imparfaite (rires). Heureusement, l’ère de la superwoman performante partout est dépassée depuis longtemps. Je dis souvent à mes enfants que je fais du mieux que je peux avec ce que je suis. J’espère que cela les aide eux aussi à s’accepter dans leur globalité. Parfois il arrive de se fantasmer en super-héros, et il peut être douloureux d’être confronté à ses propres limites. J’espère que d’avoir une mère qui dit "Je suis faillible, il m’arrive de me tromper et je m’en excuse" permet à mes enfants de mieux accepter leurs erreurs. Mon rôle est d’en faire des adultes préparés à la vie, et je souhaite réussir cela.
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Êtes-vous inquiète pour vos enfants dans cette époque troublée?
Bien sûr que le monde actuel fait peur! On vit tous masqués, c’est très anxiogène. Pourtant, dans cette crise mondiale, je vois du positif. L’entraide, la bienveillance, les initiatives merveilleuses me donnent de l’espoir. La seule chose que l’on puisse vraiment faire pour nos enfants c’est de leur faire confiance. Certaines directions qu’ils prennent parfois ne me plaisent pas, non parce qu’ils sont dans l’erreur mais parce qu’elles me font peur.
Est-ce l’éducation que vous avez vous-même reçue, dans une forme de confiance?
Mes parents m’ont fait confiance, même si je n’ai pas la même relation qu’eux à la parentalité. Ils m’ont laissé expérimenter des choses mais ils sont de nature très angoissée. J’ai mis des années à comprendre que derrière certains de leurs propos qui ont pu me blesser, il y avait de l’amour, et de la peur aussi. Mais mes parents et moi apprenons encore chaque jour. Là encore il s’agit d’évolution.
Si vous deviez adresser un message à la Vanessa d’il y a trente ans, quel serait-il?
«Fais toi confiance.» J’ai eu un début de carrière très chaotique et compliqué. J’ai vécu la surmédiatisation à un âge où l'on n’est pas préparé à affronter cela. Le regard que je porte aujourd’hui sur tout cela c’est « quoi que l’on te dise en bien ou en mal, ne le prend pas personnellement ». Quand on est sur le devant de la scène, on est amené à être critiqué, parfois pour de mauvaises raisons. Le tout est de savoir qui l’on est et où on veut aller. Il est difficile de faire la part des choses quand on est très jeune. Un vrai travail sur soi est nécessaire pour se centrer et savoir qui l’on est vraiment, et ne plus avoir besoin du regard des autres pour exister. Or, quand j’avais 19 ans, ce que je voyais dans le regard des autres était d’une laideur absolue.
En même temps cela m’a permis d’apprendre sur moi, de savoir ce que je voulais vraiment. C’est mon parcours, il fut parfois difficile mais c’est le mien et je le chéris.
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À quel moment avez-vous fait le choix d’aller vivre à la campagne?
Je faisais des allers-retours à Barbizon, où je résidais, pour le tournage de Demain nous appartient, qui se déroule à Sète. La logistique était compliquée car pour un jour travaillé il y a deux jours de voyage, l’organisation familiale, la nounou. Le manque de temps passé avec mes enfants me pesait. Pourtant, quand j’arrivais à Sète, j’étais toujours frappée par la douceur de vivre dans cette région. La décision de venir a été très rapide, même si la mise en œuvre fut plus compliquée.
Vous n’hésitez pas à partager des instants de vie sur vos réseaux, ce qui tranche avec votre discrétion dans la presse. Pourquoi?
Je suis depuis toujours une actrice populaire, et je trouve cela très positif. C’est un joli mot. Je suis née en Seine-Saint-Denis, j’y ai vécu toute mon enfance et adolescence, donc je sais d’où je viens. Ma famille est auvergnate. Le populaire c’est festif, humain, cela m’évoque les bals du
14 Juillet chez ma grand-mère en Auvergne. Je fais ce métier depuis 1988, j’ai commencé à être très médiatisée à partir de 1992 et je sais qui est mon public puisque nous avons grandi ensemble. J’aime ma tranquillité, j’aime préserver mon intimité, mais en même temps je comprends que les gens aient envie que j’ouvre un peu la porte. Cela permet aussi de les rassurer et qu’ils puissent se dire «finalement, elle est comme nous». Je n’ai jamais été nappée de mystère comme certaines actrices. Je suis un livre ouvert.
Quel rapport entretenez-vous avec l’âge, le temps qui passe?
Je suis consciente de cette chance de pouvoir vieillir avec tout ce qui se passe autour de nous. À chaque âge ses plaisirs, et ce qui est formidable c’est la distance que l’on acquiert par rapport aux choses. Donc j’ai un rapport normal à l’âge, j’essaie de vieillir le mieux possible mais bien sûr que j’ai des rides, j’ai 47 ans! Je vis aussi entourée de femmes qui vieillissent bien dans leur tête et dans leur peau, comme ma mère de 66ans que je trouve magnifique. L’âge apprend vraiment à être bienveillante avec soi-même. Plus jeune j’étais tellement complexée que quand je me revois à cet âge je me dis "pourquoi les as-tu laissés t’atteindre, tu aurais dû profiter, vivre pour toi!»
Et pourtant c’est si difficile à transmettre à nos enfants!
Oui, absolument! Ma mère et ma grand-mère me l’avaient dit, mais on a toujours besoin de l’expérimenter avec l’impression que pour nous c’est différent. L’expression "Si jeunesse savait et si vieillesse pouvait» sonne tellement juste. Alors je crois que l’on peut transmettre aux plus jeunes nos expériences mais ils doivent vivre les leurs.
Son actu
Retrouvez Vanessa Demouy cet automne dans Ici tout commence, tous les jours à 18h30 sur TF1.