Emmanuel Giboulot, viticulteur bio, est convoqué au tribunal correctionnel le 24 février 2014 en vue d’un procès. Il risque six mois d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende pour avoir refusé d’épandre un dangereux pesticide sur ses vignes. Une menace qui semble impensable, et pourtant...
Cette condamnation est un message important pour le monde de l’agriculture bio et non bio. Les agriculteurs sont dans l’obligation de polluer leur propre terre et détruire l’écosystème sous peine d’amende et d’emprisonnement.
L’Institut pour la protection de la santé naturelle lance une pétition de soutien. Objectif : 100 000 signatures en 10 jours.
Des insecticides qui tuent la faune auxiliaire aux vignes
En juin 2013, le Préfet de Côte d’Or en Bourgogne a pris un arrêté radical pour contrer un risque hypothétique d‘épidémie de flavescence dorée (micro-organisme provoquant des pertes de récolte importantes dans le monde viticole). Il a décidé que tous les vignerons du département devraient traiter leur vigne contre la cicadelle (insecte qui se nourrit de la sève des végétaux) avec trois pesticides, deux perturbateurs endocriniens et un néonicotinoïde...
Le problème est que l’insecticide le moins polluant contre cet animal tue les abeilles et la faune auxiliaire. Il détruit toutes sortes d’insectes nécessaires à la régularisation de la vigne. "Cela revient à détruire une partie de la faune auxiliaire, tout ce qui génère les équilibres de nos vignobles, sachant que nous cultivons des parcelles en bio depuis 43 ans !" a déclaré le viticulteur dans le collimateur de la justice au magazine web Basta en novembre dernier.
De plus, l’épidémie de cicadelle n’était pas avéré dans le département.
La justice condamne la viticulture et l'agriculture biologique
Depuis plus de 30 ans Emmanuel Giboulot travaille à préserver les équilibres biologiques de sa vigne, "avec de très bons résultats, et sans produit chimique". Il a donc décidé de lutter contre la cicadelle avec des traitements naturels, connus des agriculteurs bio.
En effet, il existe d’autres moyens de protéger les vignes de la cicadelle avec des fougères et de l’argile calciné, des pièges à cicadelles, de la paille d’avoine. Et ils sont tout aussi efficaces que des insecticides tout en préservant . Et eux, préservent la biodiversité.
Le 30 juillet 2013, notre viticulteur est contrôlé. L’inspecteur de la direction régionale de l’Agriculture demande les factures de l’insecticide obligatoire, qu'Emmanuel Giboulot est donc dans l'impossibilité de présenter. Il est convoqué par le commissaire de Beaune en octobre 2013, à la veille des vendanges.
Le 24 décembre 2013, le rendez-vous avec le procureur est annulé. L’affaire n’est pas classée, le viticulteur est renvoyé devant le tribunal correctionnel, avec un procès, le 24 février 2014.
Dans le Vaucluse, un autre viticulteur bio, Antoine Joly, avait été verbalisé pour la même "faute". Finalement, il a traité sa vigne et a été dispensé de peine.
Autre cas, Yannick Chénet, décédé en janvier 2011 d’une leucémie liée à sa profession, viticulteur (non bio). Il a développé sa maladie au contact récurrent des pesticides.
Soutenez le viticulteur Emmanuel Giboulot et la lutte contre les pesticides !
D’abord effondré par la décision de procès, Emmanuel Giboulot a reprit espoir en découvrant une mobilisation citoyenne de grande ampleur. Soutenu par des associations environnementales, par Sandrine Bellier d'EELV et l’Institut pour la protection de la santé naturelle, qui a alerté les réseaux sociaux. En quelques heures, des milliers de personnes apportent leur soutien !
L’enjeu de cette pétition est de montrer aux autorités que les citoyens sont en faveur d’une agriculture responsable. Détruire les insectes, en particulier les pollinisateurs comme les abeilles, c’est détruire des équilibres écologiques fragiles, par conséquent la nature, la vie, et donc l’Homme !