C’est en tout cas ce que pensent de plus en plus d’économistes. Le néolibéralisme tel qu’il est généralement entendu aujourd’hui traduit en fait les thèses économiques qui ont encadré les politiques économiques de Reagan et Thatcher au tournant des années 1980. Il est évident que ces analyses sont rejetées. Antimondialistes, altermondialistes, anarchistes, etc., chacun à sa manière dénonce la logique économiste qui s’est emparé de la planète. Mais quid des économistes ?
Beaucoup plus discret que les mouvements de protestation émanant de la société civile, le petit monde de la science économique a revu sa copie, du moins une partie des chercheurs. Le hic, c’est qu’ils ne savent pas communiquer et que leurs travaux ne sont pas relayés par les médias qui se sont prosternés devant les théories néolibérales et n’en démordent pas. C’est en tout cas l’analyse de Jacques Généreux, Professeur d’économie à Science Po Paris.
Convaincu que la majorité des économistes n’adhèrent pas aux idées néolibérales et recherchent un cadre conceptuel où l’économie serait au service de l’homme, Généreux a proposé en 2001 un Manifeste pour l’économie humaine. Il y expose la situation actuelle et soumet à ses collègues des pistes de réflexion qui devraient déboucher sur la constitution d’un nouveau paradigme, beaucoup plus soucieux de l’homme dans la société, société qui ne pourrait par conséquent plus être limitée à une vision purement économique.
Pour faire simple, Généreux propose d’affirmer clairement que l’économie doit avoir « une finalité humaniste ». Autrement dit, l’économie doit être au service de l’homme et permettre d’assurer une qualité de vie acceptable pour tous. L’efficacité de l’économie ne se calcule plus en termes de rentabilité mais de ce qu’elle apporte à l’homme : paix, liberté, justice, etc. on ne doit pas tant rechercher la croissance que le développement équitable pour les 6 milliards d’êtres humains.