Un câlin à un arbre, vous n’y songez pas ? Pourtant cette méthode simple, économique (car gratuite) a été largement éprouvée en Islande pendant l’épidémie du Coronavirus ! Ce petit pays a donné l’exemple. En période de distanciation sociale, de stress et d’angoisse, le « Tree hugging » a apporté réconfort et sérénité aux personnes isolées qui ont osé enlacer un arbre. « Pendant ces deux mois de confinement, nous avons pris conscience qu’on pouvait se priver de beaucoup de choses, mais que l’on ne pouvait se passer de la nature indispensable à notre équilibre », note Christine Sanchez, sylvothérapeute et coach, une enfant du pays, installée sur le bassin d’Arcachon.
Sylvothérapie, vous avez dit ?
La sylvothérapie (du latin « sylva » qui signifie forêt) consiste à faire divers exercices en relation avec les arbres pour y trouver bien-être, détente, voire guérison. Petit clin d’œil. Tout a commencé à Arcachon, berceau de la sylvothérapie ! Au XIX ème siècle, les patients du sanatorium de la station balnéaire, qui étaient atteints de tuberculose, pneumonie, asthme, faisaient des promenades en forêt et voyaient leur état grandement s’améliorer. « Je ne suis pas une thérapeute, mais plutôt une praticienne, car je n’ai pas la prétention de soigner les gens, précise la quinqua bien ancrée dans sa pratique. J’accompagne vers un plus grand bien-être à travers la marche sensorielle, des respirations, des méditations, des exercices énergétiques, créatifs et ludiques avec les arbres ».
Mettre un masque pour le debriefing
Coronavirus oblige, Christine et moi, nous portons un masque. Nous voilà parties vers la forêt de la Teste-de-Buch, une fin de matinée ensoleillée de juin 2020. Pourquoi ce domaine plutôt qu’un autre ? « Je préfère les forêts où il n’y a pas que des pins maritimes et des arbousiers, mais aussi des châtaigniers, des saules pourpres, des aulnes… Il n’est pas nécessaire de viser un chêne centenaire, vouloir vivre quelque chose de grandiose ! Chaque arbre a sa propre énergie et on peut ainsi expérimenter différents ressentis », explique mon guide. Il ne s’agit pas de l’habituelle balade dominicale. Nous n’entrons pas dans la forêt, mais c’est la forêt qui entre en nous. Au choix, je dois ramasser un caillou, un gland, une feuille… Je dépose ma trouvaille, en l’occurrence une plume, au pied d’un arbre. « C’est une façon de déposer le fardeau de nos soucis, de laisser de côté le mental pendant ces deux heures », commente la coach. Puis, nous abandonnons notre encombrant bout de tissu pour marcher en file indienne à un mètre de distance l’une de l’autre.
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Tenir un bâton plutôt que se tenir la main
Vient l’exercice de colin-maillard. Après avoir bandé mes yeux avec un foulard, il me faut découvrir vers quel arbre Christine va m’entraîner. Pas question de se tenir par la main. L’astuce ? Chacune tient le bout d’un morceau de bois. Je salue l’arbre devant lequel elle me place. Je caresse son tronc, découvre de la mousse, du lierre, l’enlace. Il me semble petit, mais plein d’énergie. De retour sur le sentier, je tente de le retrouver. Youpi, j’ai deviné ! C’est un châtaignier. J’en profite pour faire plus ample connaissance avec mon nouvel ami, toucher ses feuilles, ses racines. Que c’est bon l’odeur de la terre, le soleil qui me caresse les épaules à travers les branchages. Je me sens totalement immergée dans le monde de ces êtres de chlorophylle magnifiques, apaisants, humbles. Une chance : le coronavirus ne s’est pas attaqué à eux ! Fidèles, discrets, spirituels, ils nous ont attendus pour ces retrouvailles pas tout à fait comme d’habitude.
Amener le soleil vers son cœur, son plexus solaire, ses reins
Sur le chemin devant moi, apparaît mon ombre. Je joue avec elle pour me laver le corps de bas en haut, me purifier, sorte de do-in (auto-massage). Me voilà toute propre, régénérée ! Autre exercice : tendre mes mains vers le soleil, inspirer et amener le soleil vers mon cœur, expirer et tendre à nouveau mes mains vers le soleil. Puis trois fois au niveau du plexus solaire, trois fois au niveau des reins. Christine me propose de m’asseoir sur un rocher pour contempler la nature, écouter le chant des oiseaux, regarder la canopée. Après cet instant de rêverie poétique, je gribouille un dessin sur une feuille de papier. Pas une grande œuvre d’art. Mais ce qui compte, c’est le ressenti. La séance touche à sa fin. C’est l’apéro ! Je me frotte les mains avec du gel hydro alcoolique et sort mon verre en plastique. Christine m’offre une tisane au romarin et des graines à grignoter. Délicieux ! Une fois les mesures de confinement levées, il faudra éviter les grands groupes en forêt. Depuis le Covid-19, j’interprète différemment la distanciation entre les arbres. Ils sont solidaires, mais respectent l’espace vital de chacun. Un art de vivre ensemble.
Ancien Officier de la marine marchande, Christine Sanchez, a été DRH dans une compagnie maritime, à Nantes, pendant 20 ans. Née du côté de la Hume, elle a souhaité revenir aux sources. Elle est sylvothérapeute et coach, basée à Biganos où elle a construit sa maison en bois. Bien sûr, elle n’a pas oublié les arbres dans son paradis terrestre. Elle a planté des pins parasols, des palmiers, des cerisiers, des pommiers et un noisetier. Dans le bassin d’Arcachon et, aussi dans les Landes, elle propose des sorties de deux ou trois heures, d’une journée ainsi que des week-ends d’immersion en forêt. Tél : 06 75 65 13 95 contact@larbreetmoi.fr
Notre experte
Corine Moriou, professeure de yoga, diplômée de la Fédération Française de Hatha Yoga (FFHY), est par ailleurs sylvothérapeute. Elle a suivi le cursus de l’Ecole buissonnière de sylvothérapie (EBS). Adepte du green yoga, elle est conceptrice du Sylvo Yoga et propose des retraites en forêt. Pour toutes informations : corinemoriou@gmail.com