La thyroïde gère des fonctions indispensables à notre vie. C’est une sorte de tour de contrôle invisible. Quand tout va bien, on ne mesure même pas son existence, mais si elle se dérègle, alors là, rien ne va plus ! Ses fonctions ? Rien moins que le développement de notre cerveau et de notre système nerveux. Du coup notre moral en dépend aussi. Elle gère également l’utilisation par notre corps des sucres, graisses et protéines issues de l’alimentation, avec un impact sur la digestion, le transit et, par conséquent aussi, sur l'état de forme. Enfin, elle agit aussi sur le rythme cardiaque et la croissance. Cette glande est fragile et quelques ennemis sont bien identifiés : le stress, les perturbateurs endocriniens, la ménopause et le vieillissement qui provoquent son ralentissement. Mais bonne nouvelle, cette glande se nourrit aussi de ce que nous mangeons, de nos émotions, et donc nos choix de vie ont un impact réel sur son équilibre.
Comment repérer les troubles de la thyroïde ?
Les symptômes qui doivent vous faire réagir concernent des changements rapides et anormaux. Une prise de poids, 5 à 10 kilos en moins d’un mois, une perte de pilosité importante, une grande fatigue accompagnée d’une déprime matinale profonde, une constipation anormale… Votre corps signe un ralentissement de la thyroïde, une hypothyroïdie. À l’inverse, une perte de poids tout aussi rapide, de l’énervement, de l’excitation, la sensation de couper la parole aux autres en permanence, d’importantes perturbations du sommeil et des diarrhées inhabituelles marquent une accélération du métabolisme, une hyperthyroïdie.
Vous êtes peut-être déjà traitée pour une des pathologies de la thyroïde, avez eu une ablation de la thyroïde ou prenez du Levothyrox® et, pourtant, votre qualité de vie reste médiocre ? Fatigue importante, oppressions cardiaques, lourdeurs digestives, par exemple. Les médicaments régulent le dysfonctionnement des hormones thyroïdiennes mais ne remplacent pas tous les cofacteurs nécessaires à leur équilibre. Raisonnez comme si vous n’aviez pas de médicament et assurez-vous d’équilibrer vos apports nutritionnels, d’avoir un système digestif fonctionnel et de bien gérer votre stress afin d'améliorer votre situation.
Les nutriments indispensables à une bonne thyroïde
Les hormones thyroïdiennes sont fabriquées dans la glande thyroïde à partir de deux éléments : des matières premières issues de notre alimentation et des processus de fabrication interne qui dépendent en partie aussi d’approvisionnements alimentaires.
Côté matières premières, pas d’hormones thyroïdiennes sans iode et sans tyrosine. Côté fabrication, pour bien fonctionner, la machine a besoin de zinc, de fer, de sélénium, de vitamines B et d’oméga-3. Le sang apporte au sein de la thyroïde tous les matériaux nécessaires à la fabrication des hormones thyroïdiennes. Et c’est lui qui transporte ces hormones, une fois fabriquées, jusqu’aux cellules du corps où elles délivrent leur message spécifique.
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Côté alimentation, le régime pour chouchouter sa thyroïde consiste à mettre régulièrement dans son assiette des éléments essentiels à la fabrication de ses hormones : de la tyrosine, de l’iode, du sélénium, des oméga-3.
Commencez la journée par un petit déjeuner protéiné en vous inspirant de nos voisins anglais, scandinaves ou moyen-orientaux : des œufs, du jambon, du fromage, des poissons, du houmous ou des falafels, avec un peu de pain et de beurre. La tyrosine, une des composantes de ces protéines, est présente dans toutes ces aliments. L’iode, le zinc et le sélénium sont présents dans les produits de la mer : algues, poissons, fruits de mer. Hors période de grossesse, vous pouvez consommer 2 à 3 fois par semaine du poisson, en alternant entre les différentes espèces : poissons gras riches en oméga-3 (sardines, anchois, maquereaux, saumons, harengs), importants pour la fabrication des hormones thyroïdiennes mais aussi pour le système nerveux, ou poissons blancs de type cabillaud, colin, bar, daurade. Limitez-vous à un poisson gras par semaine en période de grossesse.
Nourrir son stress
En cas de stress, même bien vécu, le corps augmente sa fabrication d’hormones – adrénaline, noradrénaline ou cortisol – pour y faire face. La tyrosine en étant un élément de base, elle est détournée vers la fabrication de ces hormones au détriment de la thyroïde, en période de stress.
Autres nutriments communs au stress et à la thyroïde : les vitamines B. Elles sont présentes dans les céréales complètes (farines, pain, riz, pâtes), les légumineuses (lentilles, fèves, azukis, pois chiches, pois cassés) et les légumes à feuilles vertes. Concernant les céréales complètes, prenez-les bio afin d’éviter d’amener trop de pesticides à votre foie, qui devra les détoxifier. Aussi étonnant que cela puisse paraître, votre foie et votre système digestif jouent un rôle important dans la fabrication des hormones thyroïdiennes.
Côté gestion du stress, l'objectif est de limiter la fabrication d’hormones du stress. Exercice tout simple à intégrer lors d’un trajet ou pendant une pause : 5 minutes de cohérence cardiaque en utilisant une application gratuite, comme "Respirelax". Mettre le cœur au diapason de la respiration a des effets bénéfiques prouvés sur le stress.
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Les perturbateurs endocriniens entravent l’intelligence du bébé
La thyroïde assure le bon développement cérébral du bébé et de son système nerveux. En clair, pour avoir un enfant intelligent et bien équilibré, mieux vaut avoir une thyroïde parfaite dès le début de la grossesse, car le fœtus dépend entièrement de la thyroïde de sa mère, notamment les 3 premiers mois. D’où l’importance de vérifier son statut en iode (150 µg/l, les besoins augmentent à 250 µg/l en cas de grossesse) par une iodurie urinaire (coût 19 €).Pensez à vous complémenter si les taux sont trop bas, en prenant conseil auprès d’un naturopathe par exemple, ou d’un médecin formé à la micronutrition et à la phytothérapie.
Par ailleurs, un bon statut en iode protège de la pollution des perturbateurs endocriniens. Certaines molécules chimiques interfèrent avec le bon fonctionnement des hormones thyroïdiennes en empêchant la fixation en iode ou en sélénium. Celles identifiées comme nocives pour la thyroïde se retrouvent dans des usages très courants de notre quotidien :
- les PCB, ou méthylmercure, qui s’accumulent dans les chairs grasses des poissons, les produits laitiers ou la viande ;
- le brome, contenu dans les retardateurs de flammes bromés (PDBE) destinés à limiter les risques d’incendie, présent dans la pollution de l’air intérieur par émanation des tissus, rideaux, écran d’ordinateurs, de télévisions, moquettes, etc. D'où l'intérêt d'acheter des affaires d'occasion, notamment pour meubler les chambres d'enfants, eux aussi vulnérables à ces pollutions ;
- le triclosan, un antibactérien présent dans des dentifrices et les gels hydroalcooliques pour se nettoyer les mains ;
- les phtalates, présents dans les plastiques des jouets, les boîtes d’emballage de fast-foods mais aussi les parfums et vernis à ongles.
Cette pollution invisible passe par l’exposition des femmes enceintes au quotidien : manger, boire, respirer, se maquiller, se laver, décorer l’appartement, peindre la future chambre de bébé… Tant qu’une législation européenne ne nous protègera pas tous, il est important, dès le désir de grossesse, de limiter le plus possible les expositions aux perturbateurs endocriniens.
Quelles plantes pour dynamiser et soigner votre thyroïde ? Retrouvez les conseils d'Isabelle Doumenc sur FemininBio : femininbio.com/plantes-thyroide.
Un article tiré du magazine N°13 spécial Japon, disponible sur notre boutique en ligne.