Cet article a été publié dans le magazine #35 juillet-août 2021
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Que les choses soient claires, alimenter quotidiennement un compte Instagram de photos détournées, de slogans absurdes et d'informations défiant le sens commun est à la portée de chacun et je n'ai aucun mérite à le faire. Entre une mère hippie qui ne voit la vie qu'au travers de lunettes aux filtres roses et un père sépharade tunisien qui ne s'exprime que par jeux de mots, j'ai bénéficié d'un background plus que favorable.
Adolescente, j'ai bien essayé d'inverser la tendance, tirant régulièrement et sans raison une tête de six pieds de long. Peine perdue, au lieu de m'enguirlander, ma mère me faisait lire à voix haute Agrippine de l'immense Claire Bretécher, lecture qui débouchait systématiquement sur un fou rire collectif aussi instructif que réconciliateur. Pour la faire courte, Agrippine et moi présentions quelques traits de caractère communs assez évidents. Chacune était la caricature de l'autre. À l'image du fameux dessin des copines sur leur banc maugréant le fatal « si ça se trouve on serait belle on se ferait chier », l'autodérision fait partie de ma vie à chaque instant. Elle rend la vie beaucoup plus légère et n'attire que bienveillance et sympathie.
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Par extension, humour, bonne humeur et joie de vivre ne sont finalement qu'une affaire de partage et bien que goûtant très modérément à la religion, je me demande si les hautes autorités célestes n'ont pas inventé Instagram uniquement pour me permettre d'évangéliser la planète à coup de mèmes qui agiraient comme des petits pansements de l'âme pour nous redonner collectivement le sourire.
Tous ces jeux de mots, souvent très limites, tous ces clichés honteusement récupérés, je n'en suis évidemment pas l'auteur. Je me contente de les chercher et de leur donner une vitrine avec l'immense satisfaction de savoir qu'ils provoqueront un fou rire et que celui qui a ri le partagera à son tour. Ce rôle de passeuse me convient parfaitement, il me donne la très égoïste satisfaction du devoir accompli. Comme si j'avais fait déborder de mets succulents la table du réveillon familial. Et au diable la crise de foie, on n'est jamais trop généreux !
L'autrice :
Derrière l'hilarant compte Instagram @mamouz, Julie Mamou-Mani, journaliste pour le magazine ELLE puis pour la télévision, publie PTDR : Pour une Thérapie du Rire, paru aux éditions Jouvence.