Un mouvement "bienveillant et inclusif" créé en 1996
S’il connaît un essor fulgurant depuis 2 ans, grâce aux réseaux sociaux en tête duquel Instagram, le mouvement body positive (ou body-posi) est né en 1996. A l’origine : deux femmes, Connie Sobczak et Elizabeth Scott. Objectif : lutter contre les diktats de l’apparence qui ont conduit la première à souffrir de troubles alimentaires et ont coûté la vie à sa sœur. Avec Elizabeth Scott, psychothérapeute, elles ont donc conçu le mouvement body positive comme "une communauté vivante et thérapeutique qui libère des messages sociaux étouffants maintenant les gens dans une lutte perpétuelle contre leur corps".
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Un message : "Aime ton corps tel qu’il est"
20 ans plus tard, alors que le déferlement d’images enjolivées de filles parfaites semble s’intensifier chaque jour un peu plus, le mouvement body positive a pris de l’ampleur et il est désormais à la portée de tous et toutes d’afficher son envie d’appartenance à une génération décomplexée. L’idée : louer la beauté des rondeurs jugées "disgracieuses", s’accommoder d’un nez trop gros, d’un corps marqué par les cicatrices ou par les vergetures. En somme, s’accepter telle que l’on est extérieurement pour, au final, être en phase avec ce que l’on est intérieurement. Les vedettes du mouvement body positive sont principalement américaines. A l’instar de Selfloveclub, une jeune Canadienne dont le crédo est "Arrêter les régimes, commencer à vivre".
Ou encore d’Ericka Hart, 28 ans, figure phare du mouvement : atteinte d’un cancer des seins en 2014, elle a dû subir une double mastectomie. Guérie, elle affiche sur Instagram sa poitrine reconstruite et témoigne, pour faire passer un message fort : "De nos jours, tout le monde a une opinion ou des commentaires sur notre corps, le comparant aux standards de beauté européens. Même en grandissant avec des parents fiers des particularités de leurs corps, j’avais toujours ces idées implantées dans mon esprit (…) Aujourd’hui, je veux vraiment mettre mon corps dans toutes ses proportions en avant (…). Je veux que les gens voient mes cheveux crépus et mes seins avec ces cicatrices. J’ai un point de vue différent sur mon corps [maintenant], mais ce n’est pas juste esthétique."
Un mouvement (trop) difficile à suivre
Les stars aussi se sont emparées du phénomène : la chanteuse Beth Ditto, les mannequins Denise Bidot, Ashley Graham ou encore les actrices Lena Dunham et Blake Lively. Toutes, à leur manière, semblent vouloir contribuer à libérer les corps, tous les corps. Mais dans le lot des photos postées par les vedettes ou les anonymes, force est de constater que les corps tendent à se ressembler.
Comme le déplore Kiyémis, blogueuse qui se décrit comme une jeune "Afropéenne qui fait du bruit" : "Plus je cliquais sur les hashtag #bodypositive, moins je voyais de corps qui me ressemblaient. Le jeu des réseaux sociaux faisait qu’au sein même de ce qu’on appelle la ‘sphère body-positive’, les corps les plus valorisés via les likes étaient ceux qui déviaient le moins de la norme."
Sans compter, au final, que le mouvement qui se voulait bienveillant finit, pour certains, par ne plus être qu’une injonction permanente à aimer son corps. Or pour passer de la détestation de ses formes à l’acceptation totale de ses vergetures ou de ses seins tombants, il y a un cap… qu’il n’est pas si aisé de franchir.
Le "body neutrality", le nouveau "body positivisme" ?
On voit alors désormais émerger un autre mouvement, qui se veut plus nuancé et, peut-être, moins contraignant que le "body positivisme" : le "body neutrality" (neutralité du corps). Repéré par le New York Magazine, le courant vient bien entendu des Etats-Unis. Et prône une attitude la plus neutre possible face à son physique. Anne Poirier organise des retraites exclusivement réservées aux femmes lors desquelles elle les encourage à mettre le moins de pression sur leur physique. Et explique que la "body neutrality" est "un moment de détente, un drapeau blanc". Dans le Elle australien, Cassie Mendoza-Jones, naturopathe, auteure de You are enough, explique : "La neutralité du corps, c’est accepter que, certains jours, on aime son corps et que, d’autres jours, la confiance peut retomber. Il s’agit d’intégrer qu’il y aura des hauts et des bas et que relâcher la pression face à son physique ne peut avoir que des conséquences positives."
Lâcher-prise et se détacher autant que possible de son physique pour mieux apprécier les autres sphères de son être ? Un beau programme… à suivre !
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