Cet article a été publié dans le magazine FemininBio #18 août-septembre 2018
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Crèches et assistantes maternelles veillent sur près de quatre enfants en bas âge sur dix, les autres étant, jusqu’à leur entrée à l’école, principalement gardés par leurs parents et leurs grands-parents.
Toutefois, la plupart des modes de garde collectifs sont encore loin de faire la part belle aux valeurs d'écologie, de développement durable et d'éducation tournée vers l'autonomie et la nature... à quelques projets près !
Le développement durable au cœur des crèches
Si vous êtes sensible aux questions d’éducation et si vous considérez que les bébés et les enfants devraient être en contact avec la nature autant que possible, vous avez sans nul doute déjà vu passer, sur les réseaux sociaux, ces vidéos de jardins d’enfants dans lesquels les bambins s’ébrouent dans l’herbe, sautent dans les flaques de boue et mangent des pommes qu’ils viennent de cueillir sur l’arbre.
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Ces images qui font rêver plus d’un parent ne sont pas encore une réalité en France, mais nous en sommes de moins en moins loin grâce à des initiatives telles que celle d'Écolo Crèche®, une association née il y a douze ans à Marseille. Grâce à la pugnacité de sa fondatrice, Claire Grolleau, elle travaille aujourd’hui avec plus de 350 crèches engagées dans le développement durable.
L’hygiène et l’alimentation en question
L’objectif de départ de cette toxicologue de l’environnement, alors jeune maman, était simple : faire en sorte que le quotidien de son bébé, gardé en crèche, soit aussi sain que possible. Forte de ses connaissances et de ses convictions, elle propose des mesures faciles à mettre en place pour que l’hygiène, l’alimentation et le programme pédagogique proposés dans les structures d’accueil des tout-petits soient en phase avec le développement durable.
"En m’intéressant aux crèches, j’ai constaté une grande envie de mettre en place des pratiques durables. Mais dans les faits, ces belles idées n’étaient pas ou très peu appliquées. Notamment parce que les professionnels sont victimes de nombreux préjugés relatifs à l’hygiène et à l’alimentation, que les industriels ne se privent pas d’entretenir pour vendre leur produits et leurs matériaux… Une situation aberrante qui engendre une fragilité des enfants et des éducateurs", explique la maman engagée.
Des Écolo Crèches® partout ?
Rapidement, Claire Grolleau accompagne une dizaine de structures marseillaises et le projet prend au fil des ans une ampleur nationale : "J’aime accompagner les gens dans la transition. Je suis heureuse de démontrer aux professionnels de la petite enfance que cela ne coûte pas plus cher, bien au contraire, de s’inscrire dans une démarche durable."
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Douze ans plus tard, 150 crèches (sur les 12 000 que compte la France) sont labellisées "Écolo Crèche®" et 350 sont engagées dans la démarche. L’objectif de l’association, qui se nomme désormais Label Vie, est de porter ce chiffre à 2 000 dans les cinq ans. Et de faire en sorte que ces recommandations deviennent la norme.
La connexion de l’enfant à son écosystème
Au-delà d’une gestion durable, les structures qui suivent la voie Écolo Crèche® s’engagent aussi à offrir un accès à la nature aux enfants : "C’est un élément-clé de leur épanouissement. On veille à les connecter autant que possible à leur écosystème. Grâce au jardin bien sûr, mais aussi en leur donnant accès à la cuisine, par exemple."
Et en les initiant, aussi, à l’optimisation des ressources : "Un enfant qu’on a laissé jouer avec un emballage pour en faire un objet créatif ne verra plus le déchet comme une chose qu’il faut envoyer à l’incinérateur. Cela nourrit sa créativité. Ce citoyen-là ne sera pas le même que celui qui jette tout objet qui ne lui sert plus a priori."
Les tout-petits deviennent prescripteurs
Au-delà des professionnels et des enfants, dont la qualité de vie est directement impactée, Claire Grolleau sait aussi que les petits peuvent éduquer leurs parents à certains gestes : "En grande section de crèche, les enfants vont découvrir le jardin, le compost et le tri des déchets. C’est pour eux très amusant et, à coup sûr, ils en parleront à leurs parents de manière ludique." Voilà qui est forcément enthousiasmant pour tout le monde.
Un impact sur la santé mesurable
Côté sanitaire aussi le bénéfice des pratiques des Écolo Crèches® semble considérable : grâce à des mesures simples telles que l’aération régulière des espaces confinés et le remplacement des produits d’entretien polluants et irritants, le taux d’absentéisme des enfants et des adultes pour raisons de santé a largement diminué. "Dans plusieurs structures des maladies telles que la bronchiolite ont disparu. Et les absences des éducateurs ont chuté, dans certaines crèches, de 75 % !", précise Claire Grolleau.
La pédagogie Montessori trouve sa place
Certaines crèches déploient également la pédagogie Montessori. C’est en devenant grand-mère que Sylvie D’Esclaibes, fondatrice de l’école Athéna et du lycée international Montessori, a commencé à s’intéresser à l’accueil collectif des bébés : "Ce que j’ai constaté dans nos structures d’accueil pour jeunes enfants m’a semblé incroyable. Ce n’est souvent pas beaucoup plus que de la garderie. Pourtant, le rôle de l’éducateur auprès des moins de 3 ans est fondamental ! L’enfant est en pleine construction, il est prêt à apprendre, il forge sa personnalité et son caractère."
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Si les éducateurs de jeunes enfants sont en France très bien formés au soin des bébés, les structures, elles, ne sont généralement pas équipées pour leur permettre un plein épanouissement. "Nombre de crèches que nous visitons sont désordonnées. Elles n’ont pas de matériel pédagogique, mais seulement des bacs à jouets (la plupart du temps en plastique), des piscines à balles dans lesquelles les enfants s’excitent sans but. Sans parler de la couleur des murs : violet, orange, vert… Ce n’est pas un environnement sensoriel sain pour un enfant", s'exclame Sylvie D’Esclaibes.
Avec son équipe elle forme désormais des professionnels de l'enfance, principalement dans des micro-crèches (qui accueillent une dizaine d’enfants au maximum), à la pédagogie Montessori.
Les petits sont bien sûr les premiers à apprécier, mais les adultes aussi profitent de ces changements fondamentaux, comme le souligne Sylvie D'Esclaibes : "Les éducatrices, d’abord, trouvent un intérêt bien plus grand à leur travail, qui devient plus agréable. Les enfants sont plus calmes. Ils sont heureux, par exemple, de manger en autonomie, de dresser la table, de se servir eux-mêmes. Même des professionnels avertis sont étonnés de voir ce que des enfants de 18 mois sont capables de faire seuls. Et les parents sont heureux de voir leur enfant évoluer si rapidement."
Pour aller plus loin
Pour trouver une Écolo Crèche® près de chez vous, consultez ecolo-creche.frLes assistantes maternelles peuvent elles aussi bénéficier de formations Écolo Crèche® ou à la pédagogie Montessori dans toute la France.
Découvrez Heididom – le premier réseau de crèches Montessori –, qui travaille à la création de nombreuses structures dans toute la France, sur heididom.com
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