Comment définiriez-vous le compliment ?
C’est une opinion personnelle d’une personne sur une autre, ou sur ce qu’elle fait. Chacun juge différemment les actions des autres, certains vont aimer ce que vous faites, d’autres non. Les premiers pourront vous faire des compliments, les seconds certainement pas !
Recevoir un compliment rend-il heureux ?
Faire un compliment, c’est une bonne idée car ça fait toujours plaisir. Mais attention, ça ne va pas rendre les autres heureux : ça dépend de la manière dont l’autre reçoit notre compliment. Le bonheur ne peut jamais venir de l’extérieur : il est lié à la manière dont moi, personnellement, je perçois ce qui m’arrive. De la même manière, si je me dis qu’en faisant un compliment à quelqu’un, je vais le rendre heureuse, c’est mon ego qui parle puisqu’en vrai, on ne sait pas comment elle le reçoit.
Pourquoi est-il parfois compliqué de recevoir un compliment, même si l’on sait que l’autre est sincère ?
C’est le comportement typique d’une personne qui se rejette. Une personne qui est dans sa blessure de rejet ne croit jamais mériter un compliment. Elle pense qu’il faut être exceptionnel pour en mériter, et bien sûr, elle considère que ce n’est pas son cas. Ce type de personne est éternellement insatisfait : elle n’est jamais assez bien. Elle a du mal à accepter des compliments car elle ne s’en fait jamais. Et elle a du mal à en donner aux autres.
C’est important de se faire des compliments ?
Sans aucun doute. Soyons clair, ça n’a rien à voir avec l’ego. L’ego, c’est se penser meilleur que les autres. Le compliment, c’est ce qui fait que l’on est content de soi. Je recommande toujours aux personnes qui viennent me voir alors qu’elles souffrent d’une blessure de rejet de chercher le soir à se faire dix compliments, de penser à dix choses qu’elles ont faites ou dites qui les rendent satisfaites de leur journée. Ce peut être n’importe quoi, tant que c’est vrai et important à leurs yeux. C’est ainsi qu’elles arriveront à surmonter leur blessure de rejet.
Une fois que l’on sait faire des compliments à soi-même, sait-on forcément en faire aux autres ?
Oui, ou du moins, ça vient plus facilement. Le fond du problème, ce n’est pas que ces personnes ne veulent pas faire de compliments, c’est qu’elles ne savent pas comment les exprimer. Je suis sûre qu’elles y pensent, mais ça ne sort pas. Personnellement, j’exprime très facilement des compliments : par exemple récemment, j’étais dans la queue à la caisse d’un supermarché. La dame devant moi avait vraiment de beaux cheveux, et bien, je le lui ai dit !
Ce n’est quand même pas une attitude très courante…
Ca n’enlève rien à personne, ça ne peut qu’aider, faire plaisir. Alors pourquoi pas ? C’est vrai, ça surprend parfois, mais finalement, ça permet même souvent d’entamer une discussion sympathique !
Y a-t-il des bons et des mauvais compliments ?
Je dirais que les mauvais compliments, ce sont ceux qui sont fait pour manipuler. Mais ça se sent quand c’est faux, dont je ne pense pas que ce soit des compliments qui fonctionnent vraiment.
Différenciez-vous les compliments sur ce que l’on fait des compliments sur ce que l’on est ?
La grande majorité des gens font des compliments sur ce qui a été fait ou sur l’apparence. Parce que c’est plus facile : on s’appuie sur quelque chose de concret, de tangible. Peut-être parce qu’ils sont plus difficiles à faire, je pense, d’expérience, qu’un compliment sur ce que l’on est touche plus profondément la personne qui le reçoit. Ils sont aussi plus rares car on pense moins à les faire. Même envers nous-mêmes, on est plus souvent dans le compliment sur ce que l’on accomplit que sur ce que l’on est. Par exemple, on se dira plus facilement « Ah, aujourd’hui, j’ai vraiment réussi à mieux écouter » que « ah, aujourd’hui, j’ai été plus patiente » !
Comment comprendre les personnes qui sont toujours à la recherche de compliments ?
Les personnes qui ont besoin de l’approbation des autres pour avancer sont des personnes qui ne s’aiment pas et qui sont dépendantes de l’amour des autres. C’est très dur pour elles de recevoir en face une réalité qui n’est pas positive, si par exemple, vous êtes honnête et dites à cette personne que sa robe n’est pas belle, elle va avoir le moral dans les chaussures et ce sera dur de remonter ! C’est une dépendance qui peut faire très mal.
Lise Bourbeau est l'auteur de nombreux livres de développement personnel. Les cinq blessures qui empêchent d’être soi-même et La Puissance de l’acceptation sont parus aux éditions Pocket.
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