Cet article a été publié dans le magazine FemininBio #25 octobre-novembre 2019
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Nous sommes une trentaine, munies de nos tambours, à l’écoute de la pulsation de l’automne, pour en capter la mélodie saisonnière, et en marquer le tempo. Les jours ont raccourci, les arbres se parent de couleurs chatoyantes, certaines déjà couvrent le sol, un besoin de ralentissement se fait sentir… "Comment vous accordez-vous en ce temps de l’année de retour à vous-mêmes ?" nous questionne Marianne Grasselli Meier(1), l'écothérapeute qui anime ce cercle d’équinoxe automnal.
Les saisons rythment nos vies. Depuis la nuit des temps, de manière intuitive, les humains ont adapté leur mode de vie en fonction des rythmes de la nature, des saisons, de la course de la Lune… Chacune d’elles nous offre un enseignement pragmatique au quotidien pour répondre à notre quête d’équilibre. Car comme elles nous sommes cycliques, à l’image des changements saisonniers qui ont lieu sous nos yeux.
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En les observant, en nous accordant à leur pulsation, nous touchons au cœur du vivant, en quelque sorte. En écho à notre propre nature, il devient alors possible de rétablir ce dialogue avec la Terre-Mère, entissant à nouveau notre lien d’appartenance nous pouvons faire confiance à nos propres capacités de croissance et de transformation.
Une saison de transition, de retour à soi
L’automne succède à l’été, période bénie pour nombre d’entre nous, et se retrouve emblématique de la rentrée avec son lot de sollicitations, de résolutions et d’organisation. Nous faisons de notre mieux pour y répondre, en adoptant un rythme soutenu, un véritable challenge d’autant plus que la saison de l’automne préconise… le retour à soi. La chaleur diminue, la lumière décline, l’énergie décroît… "Lentement nous devons nous retrancher dans notre caverne, notre for intérieur, notre ventre, pour écouter dans le calme ce qui bat en nous", propose l’art-thérapeute Catherine Sorolla Menassieu.
C’est un moment pour renforcer notre intériorité, avant d’entamer le profond voyage hivernal. Un temps de retour à l’essentiel, qui ouvre l’espace intérieur. L’automne est un moment propice pour méditer, ralentir, et "se reconnecter à notre vérité intérieure qui nous révèlera dans ce silence, l’étape suivante", ajoute l’art-thérapeute.
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Toutefois qu’on ne s’y trompe pas, cette intersaison est loin d’être confortable du fait qu’elle entraîne ce double mouvement entre le souvenir de l’été et de son expansion (extériorisation) et ce rappel au ralentissement (intériorisation). S’y tenir porte ses fruits.
L’énergie du lâcher-prise
Dans la tradition celtique, en automne, la terre est dans un état de contentement d’avoir donné ce qui est amené à éclosion et de laisser aller ce qui doit partir. "Marqué par les moissons, qui ont débuté en été, et peuvent se prolonger jusqu’en octobre, et les derniers intenses rayons du soleil, l’automne est une phase de profond lâcher-prise", explique Marianne Grasselli Meier.
Si le printemps est associé au renouveau, l’été à la plénitude, l’automne, lui, correspond à une descente et l’hiver à son point le plus bas. Ayant bouclé son cycle productif annuel, la terre s’endort peu à peu, se délestant de ce qui est voué à disparaître. "C’est un puissant moment de transformation, feuilles, fruits à coque choient et vont être recyclés en humus, nous invitant nous aussi à relâcher ce qui nous alourdit ou qui a passé son point de culmination", traduit l’écothérapeute.
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Pour accomplir cette transition dans les meilleures conditions, la nature nous invite à suivre son exemple. "Les feuilles mortes se ramassent à la pelle", déclame le poète…
Si la saison peut se nimber d’une aura de tristesse, rien d’étonnant. Dans nos cultures dédiées à la consommation, se "défaire", tant sur le plan matériel, que psychique ou relationnel, peut entraîner la remontée de certaines peurs. Le secret ? "Travailler notre ancrage, et préserver notre stabilité, un atout nécessaire durant la saison automnale", recommande Marianne Grasselli Meier.
La magie des célébrations saisonnières
Célébrer les passages saisonniers peut permettre de mieux s’accorder à l’énergie de la saison. Les équinoxes et les solstices sont des moments clés qui ont toujours été fêtés ; c’était un temps de rencontre des communautés, où chacun se préparait ensemble à de nouvelles activités en lien avec la terre, comme semer ou remercier, fêter l'abondance ou prier pour de meilleures récoltes.
Ainsi, ces célébrations saisonnières renforçaient les liens entre les hommes, les cycles de la nature et les divinités ; une manière de rendre honneur aux ancêtres et de s’harmoniser avec le monde qui nous entoure !
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"Les équinoxes et les solstices sont des passerelles entre deux énergies saisonnières ; ils agissent comme des portails énergétiques où nous passons d'un mode d'être à un autre et nous nous inspirons de la nature pour en connaître le sens", explique Marianne Grasselli Meier. Dans la tradition amérindienne, l’équinoxe d’automne siège au sud-ouest. "Ce portail énergétique est celui de l’incarnation. Il suit la période des moissons et précède celle de la chute des feuilles", rapporte Catherine Sorolla Menassieu.
Il est d’autant plus important de le célébrer que ces passages d’intersaison sont délicats. Emblématique du mouvement antagonisted’ouverture / fermeture, l’équinoxe d’automne symbolise à la fois le temps du gain – les récoltes des vendanges sont à leur point culminant – et celui de la préparation au dépouillement. D’où un certain inconfort que l’on peut ressentir…
Aujourd’hui, on assiste au fleurissement de nombreux cercles autour des équinoxes et des solstices, preuve sans doute de ce besoin mystérieux et tenace d’un retour à une sagesse ancestrale, qui contient les clés de compréhension du monde dans lequel nous vivons.
(1) Rituels de femmes pour s’épanouir au rythme des saisons, Marianne Grasselli Meier. éd. Le Courrier du Livre.
(2) Aux rythmes de notre Terre-Mère, Catherine Sorolla Menassieu, éd. Trajectoire.
Notre experte
Catherine Maillard est éditrice, journaliste, co-auteure de Rituels de femmes pour s’éveiller au féminin sauvage, paru aux éditions Le Courrier du Livre.
Son site : catherine-maillard.com