Cet article a été publié dans le magazine #28 avril-mai 2020
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Le développement d’un être dans toute sa puissance implique équilibre et capacités d’adaptation. Ces deux qualités nécessitent l’écoute attentive de ce qui se passe au-dedans et au-dehors de notre corps, et notamment au niveau de notre nerf vague, que nous connaissons si peu.
Qu’est-ce que le nerf vague ?
Pour faire simple, il peut être comparé à un « big brother » à l’écoute de nos fonctionnements et ressentis intérieurs. Grâce au nerf vague, notre cerveau sait tout et entend tout sans que nous nous rendions compte de rien.
Naissant au centre de notre cerveau, ce nerf spécial est d’abord en lien avec les centres de contrôle nerveux les plus profonds et notre mémoire. Il assure ainsi un lien physique entre ce que nous avons vécu et ce que nous vivons. Par exemple le rythme de notre cœur et de notre respiration. Il sort ensuite du crâne sous chaque oreille pour plonger via le cou vers l’ensemble des organes vitaux de notre tronc : cœur, poumons, foie, estomac, intestins, pancréas, vésicule biliaire...
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Le nerf vague plonge ainsi en nous ses racines tel un arbre sensible ; 20 % de ses fibres transportent des ordres en direction des organes profonds, les 80 % qui restent servent à leur écoute.
Un nerf de jouvence
Longtemps, le nerf vague a été considéré uniquement comme la voie de passage des ordres donnés par le réseau nerveux chargé de calmer le corps (le système parasympathique). De fait, dès que le nerf vague reçoit suffisamment de pouvoir et est en bon état de fonctionnement, il assure un rythme cardiaque posé et adaptable, une sécrétion idéale d’acide dans l’estomac (digestion des protéines), de bile de la part du foie (digestion des matières grasses) , de sucs pancréatiques (digestion des sucres). Ce ne sont là que quelques exemples. Ils permettent de comprendre que le nerf vague est un chef d’orchestre du fonctionnement de « longue vie » de notre corps, qui permet de vivre longtemps et en bonne santé.
Et le malaise vagal ?
C’est juste quand le système excitant est épuisé à force d’être stimulé non-stop par les stress. Le nerf vague révèle alors tout sa puissance calmante, mais ne peut être ni accusé ni condamné.
L’anti-inflammatoire le plus puissant du monde
Le rôle du nerf vague ne se limite pas aux fonctionnements de routine. Les scientifiques sont désormais certains qu’il contrôle également le niveau d’inflammation global du corps. Si ce niveau d’inflammation est faible, le corps est protégé de la majorité des maladies chroniques. Cancers, maladies auto-immunes, allergies, intolérances, maladies neurodégénératives, dépressions, diabètes, maladies cardiovasculaires sont tenues à l’écart. Forts de cette théorie, des médecins ont mis au point des stimulateurs électriques du nerf vague. Dans des hôpitaux, ces dispositifs permettent désormais de soigner avec succès des maladies aussi diverses que l’épilepsie, les troubles cardiaques, l’asthme et la dépression sévère, la polyarthrite rhumatoïde, etc. Plus besoin de médicaments, le corps se soigne seul… Révolutionnaire !
Le nerf de l’adaptabilité
Ce n’est pas tout. Les études de neuropsychologie démontrent que le nerf vague est aussi le nerf de l’apprentissage, de l’apaisement, de la créativité et de la sociabilité. Plus il est actif et plus vous apprenez facilement, plus vous êtes curieux de ce qui est nouveau, de ce qui est différent, plus vous êtes capables de ressentir et d’imaginer des solutions nouvelles et de créer, bref de déployer vos « puissances » dans toutes leurs dimensions. À l’inverse, un nerf vague sous-actif déclenchera inquiétudes et agressivité face à tout changement et à tout ce qui sort de l’ordinaire. Les tendances aux intégrismes, le rejet de ce qui est étranger, l’élévation du niveau de violence dans notre société et le recul démontré des capacités d’apprentissage de nos enfants peuvent ainsi être vus comme de simples symptômes d’une faiblesse d’activité du nerf vague.
Alors, dites-nous vite… comment le stimuler ?
La réponse est simple : en cultivant la douceur, la vraie, pas celle des artifices comme les drogues, la consommation ou les addictions alimentaires de mauvaises huiles et de sucres rapides. La douceur est l’inverse de la violence. Le nerf vague est le nerf de la bienveillance, de l’écoute attentive, de tout ce qui tient compte du bien-être de notre corps, de nos proches et de la planète sur le long terme. Car ce nerf fabuleux ne fait pas de différence entre ce qui est en nous et hors de nous. Étant par excellence le vecteur des liens profonds, il est le nerf de la cohérence, de la vision à long terme et de l’unité. Celle de notre esprit et notre corps, du présent et du futur. Par exemple il préfère la marche à la voiture. La marche n’est-elle pas aussi bénéfique pour notre corps que pour le climat de notre planète ?
"Le nerf vague est le nerf de la bienveillance."
De même, le nerf vague préfère la végétation au béton, le naturel au chimique, le spontané au calculé, les aliments préparés avec respect et amour plutôt que l’industriel à réchauffer. Il aime enfin les expirations profondes plutôt que les inspirations accentuées par le stress de tous les jours. En conclusion, notre nerf vague nous invite à prendre soin de nous et de notre planète dans son intégralité !
Notre expert
Jean-Marie Defossez, docteur en biologie et physiologiste, a créé la coach-respiration®. Il est l'auteur du livre Se protéger des stress, inflammations chroniques et maladies chroniques grâce au nerf vague, paru aux éditions Jouvence.
Son site : coach-respiration.com