Avec le printemps qui crépite et les arbres qui s’impatientent à déployer leurs ramures, cette effervescence toute printanière est passagère. Nous le savons, la nature est cycles et il est un temps pour la lenteur, celui de l’automne suivi par l’apparente immobilité de l’hiver, et un temps pour la féérie créatrice et la rapidité de la vie qui chante pour se reproduire et se perpétuer.
Dans nos cités hors sol, déconnectées des rythmes du vivant, nous ne connaissons qu’un seul rythme celui de la vitesse, de plus en plus calqué ou induit par les flux d’informations rythmés aux giga bits des connexions Internet.
Pourtant nous avons besoin des deux, d’une part des fulgurances de l’amour, des accélérations qui nous permettent de voir nos rêves s’accomplir parfois plus vite que prévu et, d’autre part, de ces délicats moments de lenteur, de contemplation, lorsque tout ralentit.
Car au rythme du slow les merveilles de la vie se redécouvrent, elles redeviennent visibles, les détails fleurissent comme un paysage qui se déploierait en 3D. Nous pouvons voir les feuilles et les fleurs se déployer et grandir au fil des heures, nous écoutons la variété des chants d’oiseaux et peut-être en entendre de nouveaux, notre attention est devenue flottante, c’est-à-dire à l’écoute de tout, sans but précis. Et combien il est plaisant de profiter de ces moments doucereux où le temps file entre les doigts sans qu’aucun résultat tangible ne soit venu marquer les heures.
Nous apprenons à profiter des petits « riens » de la vie, c’est-à-dire découvrir que tout est une occasion de bonheur, ces « riens » sont en fait des occasions de flirter avec le tout, communier à chaque seconde avec le vivant et la féerie de la nature.
Cette vacance à soi-même permet le repos du corps et surtout de l’esprit, cette présence flottante à ce qui se passe alentour est le siège de la rêverie, de la magie des possibles qui reprennent la main sur notre mental assoupi.
Notre rythme cérébral se ralentit, nous nous approchons de l’état propice à la méditation. Alors contemplation, rêverie, méditation sont proches et apportent les mêmes bienfaits à la fois au corps et à l’esprit. Permettre à notre cerveau de rêvasser correspond à ces espaces de jachère durant lesquels la terre se régénère, il en est de même pour notre cerveau. Une fois le vide créé, de ces interstices de vacuité peut émerger une fécondité créatrice car nous vivons une communion avec le vivant qui nous traverse et nous inspire généreusement.
Le slow, c’est aussi ralentir dans tous les actes du quotidien et notamment durant les repas, retrouvant saveurs, arômes et appréciant les goûts qui se déploient dans le palais et les odeurs qui habitent plus longtemps nos narines.
Notre corps profite alors davantage des substances nutritives, notre estomac travaille moins si nos aliments sont mâchés suffisamment, ainsi c’est notre digestion qui sera plus facile et l’ensemble des organes mobilisés dans la digestion prennent eux aussi quelques vacances.
Nous pouvons nous autoriser un jeûne pour nettoyer notre organisme et profiter du rythme ralenti pour nous reposer et laisser notre corps éliminer les stress de la vie trépidante.
La slow attitude, c’est aussi prendre le temps de communiquer délicatement avec autrui. Se donner le temps du dialogue, retrouver le plaisir de l’échange formel et informel.
Profiter de sa famille et de ses amis, renouer une relation de qualité avec son conjoint, se redécouvrir, retrouver les chemins de l’intimité et faire s’épanouir l’amour.
Toutes les formes que prendra la lenteur nous ramènera au creux de soi, en connexion avec ce que nous avons de plus précieux, le divin qui brille au plus profond de nous. En prenant soin de révéler ces trésors endormis nous élargissons notre présence à la vie, notre conscience de soi, notre reliance à notre environnement rayonne d’une qualité améliorée.
Retrouvez Christine Marsan sur son site : www.chemindesoi.com
>> Pour une lecture optimisée, retrouvez cet article dans votre magazine iPad de mai 2015