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Le zibibbo, un raisin italien qui revient de loin

Le zibibbo di Pizzo Calabro
Claire Sejournet
Claire Sejournet
Claire Sejournet
Mis à jour le 25 février 2021
Zibibbo di Pizzo : que de « z » dans le nom de ce savoureux raisin de Calabre ! Des viticulteurs passionnés l'ont sauvé d'une disparition annoncée en relaçant sa culture dans le village. Un engagement soutenu par Slow Food qui a promu le projet au rang de « Sentinelle » lors du dernier Salon du Goût de Turin.

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Aussi connu sous le nom de Muscat d'Alexandrie, le zibibbo est originaire d'Afrique du Nord, et plus précisément d'Egypte, ce qui explique son nom, lié à la ville d'Alexandrie, et son surnom : zibibbo vient de l'arabe zibibb, qui veut dire... raisin !

Après avoir traversé la Méditerranée à l'époque romaine, le zibibbo s'est bien acclimaté en Italie. Sa culture est très répandue en Sicile, mais il a aussi trouvé un terrain propice à son développement à Pizzo Calabro. Ce petit village qui domine la mer tyrrhénienne a plusieurs siècles d'âge. Il était déjà connu au 14ème siècle, période à laquelle son économie était florissante, grâce au port construit par les moines basiliens qui permit le développement du commerce des épices, de la soie, de l'huile d'olive et des fruits.

A cette époque déjà, le paysage était dominé par les cultures en terrasse à flanc de colline qui alternaient les oliviers et les vignes. Ces dernières étaient toutes de zibibbo. Jusque dans les années 1960, ce raisin était très apprécié sur les tables de la région pour sa douceur et son parfum. Il était rarement vinifié, et contrairement à son cousin sicilien, ne faisait pas l'objet d'une transformation en raisin sec.

Mais le zibibbo di Pizzo Calabro ne résista pas longtemps à l'intensification de l'agriculture qui se diffusa dans toute l'Italie à cette époque-là. Concurrencé par le raisin californien, plus facile à produire et plus rentable, il céda inexorablement du terrain. Au fil des ans, les terrasses de viticulture furent abandonnées et la production de zibibbo de Pizzo Calabro s'effondra.

Face à la disparition programmée de « leur » raisin (le journal régional il Quotidiano del sud titrait même « Le raisin zibibbo est entrain de disparaitre » en janvier 2009), quatre producteurs de Pizzo Calabro et du village voisin de Francavilla Angitola se sont mobilisés. Ils ont monté une association, “I vignaioli dell’Angitola”, pour relancer la culture de ce raisin qui fait partie de l'identité locale. Bientôt accompagnés dans leur démarche par Slow Food, ils ont entrepris de revaloriser les parcelles abandonnées sur lesquelles des plants de vigne de zibibbo ont été retrouvés et de replanter des vignes sur d'autres terrasses.

La mobilisation générale pour le raisin de Pizzo Calabro commence déjà à porter ses fruits : le projet est devenu une Sentinelle Slow Food à l'occasion du Salon du Goût 2016. Désormais protégé et valorisé, le raisin Zibibbo di Pizzo connait une nouvelle jeunesse, pour le plus grand plaisir des fins gourmets qui goûte de nouveau à ses grains doux, sucrés et fondants.
 

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