Cet article a été publié dans le magazine FemininBio #17 juin-juillet 2018
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Pourquoi "Good Mood Food" ?
Parce que j’ai préparé des recettes faciles à faire, colorées, savoureuses et qui mettent de bonne humeur.
Elles peuvent aussi servir à certains, en cures détox, pour faire une pause dans la consommation de viande, de gluten ou de produits laitiers.
Parce que les mots mêmes de "good mood food", avec ces trois doubles "O", me rendent joyeuse. Et aussi parce que si souvent nous mangeons en nourrissant inconsciemment nos émotions. Mieux manger peut considérablement améliorer notre humeur!
En quoi les aliments ont-ils un rôle sur nos émotions ?
On se préoccupe plus souvent de l’essence que l’on met dans le moteur de notre voiture que dans le nôtre. Et, pourtant, "on est ce que l’on mange", un vieux dicton plus que jamais à l’ordre du jour.
Oui, nos aliments sont nos matériaux de construction. Ils nourrissent notre corps et nous apportent l’énergie au quotidien.Et leur relation étroite avec notre santé n’est plus à prouver. Hippocrate, le fondateur de la médecine moderne, le savait déjà: "Que ton alimentation soit ta première médecine."
C'est vrai qu'on se sent mieux lorsqu'on mange mieux. Est-ce que la recherche s'intéresse à ce sujet ?
Oui, absolument !Aujourd’hui, des études sérieuses démontrent le lien entre ce que nous mangeons et notre humeur, voire notre épanouissement.
Un travail mené par des savants de l’université de Binghamton (États-Unis) révèle que notre bien-être et notre niveau de stress varient selon ce que nous mangeons.
Certaines substances contenues dans les aliments, comme les tryptophanes (dont le nom n’est certes pas très appétissant), sont des protéines essentielles à la synthèse des neurotransmetteurs, ces composés chimiques dont dépendent en partie nos états d’âme.
Quelques exemples à nous donner pour faire le lien avec nos assiettes ?
Pour en nommer quelques-uns: la dopamine (l’hormone de la libido et du plaisir qui nous motive), la noradrénaline (celle des émotions, de la concentration et de la sociabilité), la sérotonine (l’hormone du bonheur, super antidépresseur, dont la production se fait presque intégralement dans l’intestin, notre "deuxième cerveau").
Les oméga-3, des acides gras essentiels que notre corps n’est pas capable de fabriquer, sont indispensables au bon fonctionnement de notre organisme. Ils permettent de réguler l’humeur en diminuant les états anxieux voire dépressifs.
Les antioxydants sont des vitamines, des minéraux, des polyphénols, des caroténoïdes qui font la guerre aux radicaux libres responsables du vieillissement.
Nous avons un besoin accru d’antioxydants avec l’âge et, cerise sur le gâteau, selon une recherche effectuée par des chercheurs australiens et anglais, la consommation accrue de fruits et légumes boosterait notre moral grâce aux nombreux caroténoïdes qu’ils contiennent.
Alors, comment mettre du bonheur dans nos assiettes ?
Le printemps et l’été sont la période idéale pour faire le plein de légumes et de fruits gorgés de soleil, de minéraux, de vitamines et de couleurs… Plus nos recettes sont colorées, plus elles sont savoureuses et nous mettent de bonne humeur!
- On se rue sur le vert (lutéine, chlorophylle…) des petits pois, des épinards, des courgettes…
- On réinterprète l’avocat en salade, en dessert, en "mayonnaise" ou même dans un smoothie.
- On rougit de bonheur (lycopène…) en grappillant les premières fraises ou cerises sur les étals, en s’abreuvant de pastèques, en croquant dans les radis ou en cuisinant de vraies tomates.
- On n’oublie pas la rhubarbe, guest-star acidulée, dont l’apparition est plus que minutée, car elle ne fait que passer au printemps.
- On se noie dans le bleu-violet de l’aubergine, appelée "caviar du pauvre" au Moyen-Orient, dont on garde la peau. Et dans celui des myrtilles, du cassis, de la figue…
- On embrasse l'orange et le jaune (bêtacarotène) de la carotte et du poivron, dont on ne pense pas toujours à extraire le jus, délicieux mélangé à d’autres fruits et légumes. Ou du melon qui nous désaltère et favorise notre bronzage. La carotte contribue aussi à protéger des UV!
Enfin, cela commence à se savoir, on privilégie le bio et le local pour bénéficier d’un maximum de minéraux.
Et, surtout, on s’amuse dans la cuisine! Pour moi, la "good mood food" n’est pas qu’une histoire de bienfaits nutritionnels. Je sais ce qui est bon pour moi et comment profiter des aliments au maximum, mais je ne m’impose pas trop de règles.
J’expérimente au fil de l’inspiration, avec les textures dans l’assiette (grâce à différents modes de découpe, de préparation, de cuisson, etc.), l’approche d’un nouveau légume que je n’ai pas l’habitude d’acheter mais qui était si joli au marché, de nouvelles combinaisons de saveurs…
Pas de complexes, il faut surtout prendre du plaisir!
Pour finir, quelle est votre recette ultrasimple à faire pour un maximum de bonne humeur en un minimum de temps ?
Pour neutraliser la canicule, je congèle les fonds de café ou de thé dans un bac à glaçons et je les recycle dans des boissons ou desserts express.
Par exemple, une délicieuse salade de brugnons et pêches citronnés et marinés avec des glaçons de thé, des dés de gingembre confit et du basilic haché.
Lawrence Aboucaya a tenu le restaurant healthy Pousse-Pousse à Paris pendant quinze ans. Elle est une des pionnières de l'extraction de jus à froid et d'une cuisine santé vivante et crue. Son premier ouvrage, Good Mood Food, la cuisine vegan sans gluten d'une gourmande bien "outillée", est paru en août 2017 aux éditions mlcim