Voir des familles si heureuses et épanouies, au sein desquelles on est tellement à l'écoute les uns des autres, et entendre leurs témoignages semble conforter les parents. Quant aux enfants qui voient le film, ils sont rassurés de comprendre que leurs soucis avec le système ne signifient pas forcément qu'il y a un problème chez eux. Il y a aussi des réactions fortes d'adultes qui ne sont pas parents, qui ont souffert et manqué de confiance en eux pendant leur scolarité et se rendent compte que le problème ne venait pas forcément d'une insuffisance quelconque de leur côté. Il y a même un "jeune homme" de 35 ans qui a décidé de changer de carrière et de faire enfin ce qu'il avait toujours eu envie de faire après avoir vu le film.
Les apprentissages autonomes sont différents dans chaque famille. Il n'y a pas une recette à appliquer et à suivre. Les parents sont particulièrement à l'écoute de leurs enfants, ce sera donc même différent pour chaque enfant au sein de la même famille. Certains aiment la structure, d'autres apprennent mieux quand on lâche les rênes. Il est vrai que j'avais mes a prioris et que je m'attendais donc à un certain profil chez les parents : tous des profs ou des hippies, ou des fermiers ! J'ai rencontré des personnes de toutes classes sociales, de toutes professions et personnalités. Leur point commun, c'était d'être des libres penseurs, et d'élever leurs enfants en libres penseurs, dans la confiance en la vie.
Une autre idée préconçue que j’ai rencontrée, c’est : "Et la socialisation ?" Je crois que c'est la préoccupation dominante, or dès que l'on creuse un peu, on se rend compte à quel point elle est absurde. Ces enfants grandissent entourés d'enfants (et d'adultes !) de tous âges et de tous quartiers, et non pas d'enfants de leur âge et de leur quartier (et donc de leur "classe sociale"). Par ailleurs, ce n'était pas mon cas, mais certains pensent que les enfants sont naturellement paresseux et indifférents au monde et que donc, il faut les forcer à apprendre.
Ce choix implique des conditions de vie bien plus précaires pour les familles, mais le bonheur qui en découle en vaut la peine. Ces familles font souvent le choix de vivre avec un seul salaire ou deux mi-temps, et du coup, ce ne sont pas des consommateurs mais plutôt des créateurs. De par ce choix, tous les membres de la famille développent de l’habileté à trouver des solutions et à inventer leur vie, parfois en dehors de limites préexistantes. Leur réponse type était : "Where there is a will, there is a way".