On a parfois été en colère, oui, on a même ressenti de la honte d'imposer un tel spectacle à des inconnus. Mais, au final, ce qui nous prend à la gorge, c'est du regret. Le regret de ne pas avoir su défendre celui ou celle qu'on aime plus que tout en criant : "Que celui qui n'a jamais fait de crise parle ou se taise à jamais !"
Explications
➜ Un "non" pas toujours bien interprété…
Les crises donnent, parfois, lieu à de vrais malentendus. Pour nous, parents, la réaction démesurée de notre enfant face à notre interdiction ou notre "non" est signe d’un caprice ou d’une frustration mal digérée. Pourtant, cela peut aussi traduire une émotion plus douloureuse. Ce n’est pas tant le
refus de lui donner ce qu’il veut qui fait souffrir l’enfant mais, parfois aussi, son interprétation. "Papa/maman ne veut pas me faire plaisir parce qu’il/elle ne m’aime pas assez… Je ne suis pas assez gentil, etc."
➜ Qui dit tentation, dit situation à (hauts) risques !
Certes, on peut décider, de ne plus jamais prendre le risque d’emmener sa progéniture faire les courses, manger au restaurant, partir en vacances, etc. C’est une solution sage et qui permet de ne pas tenter le diable ou la diablesse. Mais peu conciliable avec une vie de famille…
Conseils
- Anticipez pour prévenir les scènes en public
Avant d’arriver sur les lieux du crime, mettez les choses au clair et annoncez ce que vous comptez acheter. Prévenez votre enfant qu’il sera inutile de tenter de vous amadouer et annoncez, avant d’être sur place, plus vulnérable, les risques qu’il encoure s’il désobéit.
- Rendez-le acteur !
Plutôt que de laisser votre enfant déambuler dans les allers en victime (il n’a droit à rien dans la vie et par-dessus tout : maman est injuste), demandez-lui de vous aider à faire les courses. "Qu’est-ce qu’on mange comme légumes ce soir ?" (remarquez bien qu’on peut faire, ainsi, d’une pierre deux coups en incitant son enfant à saliver à l’idée de manger des légumes…), "Tu veux bien attraper ce paquet de riz, celui à gauche qui commence avec la lettre T ?" (du deux en un, toujours, voire trois pour tester s’il sait reconnaître sa droite de sa gauche…). Plutôt que d’infantiliser votre enfant en le limitant dans l’interdit, vous ouvrez le champ des possibles en lui donnant un rôle utile, il devient grand et responsable !
- Il craque… pas vous ! Ne flanchez pas !
Si, malgré vos tentatives, la crise à lieu, ne cédez ni à la pression de votre enfant ni à celle du regard des autres.
- Et accueillez son émotion
Plus facile à conseiller qu’à mettre en pratique : même en public, bien en vue grâce aux néons, prenez votre courage à huit mains pour être à l’écoute de votre enfant. Aidez-le à mettre des mots sur sa colère, son sentiment d’injustice qui, même s’il vous semble tout à fait disproportionné (après tout, il ne s’agit que d’un paquet de céréales !), vaut tout l’or du monde à ses yeux.
Montrez-lui que vous avez entendu sa plainte, que vous avez été réellement à l’écoute de son émotion, que son mal-être est reconnu. On ne vous garantit pas que votre empathie fera des miracles (quoique…), mais elle aura au moins l’immense mérite d’apporter apaisement et réconfort (et donc, à quoi bon continuer de hurler ? !) à votre petit frustré.
Cet article est tiré du livre Gérer les colères et les peurs de vos enfants de 1 à 5 ans, d'Alix Leduc et Marta de Tena, paru aux éditions Leduc.