Tu te souviens que je t’avais parlé de mes 40 jours de traversée vers l’acceptation. Durant cette période, j’avais rencontré plusieurs thérapeutes; trois d’entres eux m’ont été d’un très grand secours.
Un des premiers déclics après le diagnostic et la courte période d’abattement qui a suivi, était de former une sorte d’équipe pour me venir en aide. Mon réflexe a été de contacter des personnes qui pouvaient m’accompagner ou me recommander des thérapeutes. Il y a plusieurs façon de voir la maladie, et moi, j’avais fait le choix de la voir du bon côté de ma force. J’aimerais dire à qui veut m’entendre que, face au cancer, il faut s’aider soi-même et trouver des alternatives aux lacunes de la médecine conventionnelle dans sa façon (trop) technique d’aborder le corps humain et la maladie. Une médecine moderne à la fois hyperspécialisée et quelque peu mécanique.
Changer d'alimentation
Se prendre en charge, c’est ne plus être victime de la maladie mais acteur de sa guérison. Pour moi, vois-tu, il s’agissait d’un travail d’équipe où chaque intervenant avait un rôle dans l’issue favorable de cette aventure. Il ne pouvait pas en être autrement. J’ai commencé donc par revoir mon alimentation, pour cela j’ai contacté une amie spécialiste de l’alimentation vivante, qui, je le savais, allait être de bon conseil. J’ai beaucoup appris à son contact, comme par exemple que notre vie moderne "acidifiait" le corps, et donc favorisait un stress organique et l’apparition de maladies. Elle m’a tout de suite recommandée de supprimer un certain nombre d’aliments acidifiants afin d’aider mon corps à trouver et utiliser ses ressources d’auto-guérison.
Deuxième conseil : les tumeurs se "nourrissent" de sucre. Interdiction formelle d’en manger sous toute ses formes, y compris le sucre des fruits. Tu vas me dire que les fruits c’est plein de vitamines et que c’est un bon sucre, mais quand tu veux te "désintoxiquer" et guérir de toute envie de sucreries, il faut passer par cette étape, surtout pour une gourmande comme moi. Me voilà embarquée dans un régime draconien, mais en même temps bienfaisant. Passés les premiers jours de fatigue liée à l’opération de détoxification, j’ai retrouvé ma vitalité et, cerise sur le gâteau, ma ligne de jeune fille. Je me suis débarrassée de 3 kilos de cellulite bien logée et incrustée dont je n’arrivais pas à me défaire malgré une alimentation saine et 3 heures de sport par semaine.
Tu vas rire, mais j’étais, même dans ce contexte, contente de remettre mon jean témoin, celui que je porte quand mon poids et ma silhouette sont au top. Et oui, je suis restée coquette malgré tout.
Mon régime antitoxique
Au moins la moitié de mon alimentation était composée de légumes crus, graines germées, oléagineux. L’autre moitié de légumes cuits, de légumineuses et de céréales (lentilles, pois-chiches, quinoa, riz complet…). Pas de produits laitiers, pas de protéines animales, pas de fruits, et bien sûr ni vin ni café. J’ai évité certains légumes comme la tomate, la pomme de terre, les carottes, les petits pois, parce que ou trop acides ou trop sucrés.
Autres conseils confirmés par une naturopathe et mon médecin chinois : éviter tout ce qui peut être toxique, comme les pesticides. Donc je mangeais bio et ne buvais et n’utilisais pour mes boissons et la cuisine que de l’eau de source ou minérale ou au minimum filtrée. J’ai aussi découvert les vertus exceptionnellement anti-oxydantes du jus de noni, et l’apport nutritionnel unique du jus vert de blé. Ce n’est, certes, pas bon au goût, mais il serait dommage de se priver de telles sources de vertus anti-cancer. Aucune carence, les résultats de mes analyses sanguines effectuées quelques jours avant mon intervention chirurgicales étaient plus que bons.
Guérir son âme
En parallèle, j’ai contacté mon docteur en médecine chinoise qui s’est avéré être un spécialiste en oncologie. J’ai su tout de suite que j’allais être bien prise en charge. La médecine chinoise a cette particularité de s’intéresser à la personne dans sa globalité. Elle ne traite pas une maladie mais soigne un individu. Le traitement que je reçois est un traitement sur-mesure adapté à mon besoin du moment, en fonction, non seulement de l’évolution de mon état, mais aussi de toutes les étapes que je traverse. Le mélange de plantes pris avant mon opération était différent de celui après l’intervention, et qui était encore différent de celui qui allait suivre pendant ma chimio, et ainsi de suite.
Le but était de me préparer à ce que j’allais vivre, m’aider à supporter les traitements et tout cela, sans perdre de vue le but, que je dirais ultime : éviter une récidive. Pour cela, rien de mieux qu’une démarche intégrative et un traitement de fond. La maladie me guérissait sur le plan physique, car une nouvelle alimentation encore plus saine, et la médecine chinoise qui traite les déséquilibres fonctionnels et énergétiques, entretenaient mon corps et ses fonctions d’auto-guérison.
Mais j’aimerais aussi te parler d’une autre forme de guérison, celle de l’âme. Parmi les personnes que l’on m’avait recommandées, j’ai rencontré une ostéopathe spécialiste des questions féminines. Après tout, le cancer du sein est une histoire de femmes. Lors de la séance, nous avons eu un long entretien. Le travail conjuguait parole et manipulations sur le corps. Elle m’a conseillé un ouvrage qui traite de la maladie sous l’angle de sa symbolique, et de l’influence de l’esprit sur le corps : "Principes de Psychosomatique Clinique", et plus précisément l’ouvrage sur les maladies des seins.
Pour moi, il était important de comprendre pourquoi cette maladie et pourquoi maintenant. Sur le moment il me fallait des réponses, un sens à ce qui m’arrivait. Aucun médecin ne pouvait répondre à cette question, aucun thérapeute non plus, c’était à moi d’aller chercher au fond de moi et dans ma vie ce qui avait bien pu provoquer, ou du moins contribuer à la formation de cette tumeur. En lisant les ouvrages qu’elle m’avait recommandés, j’ai déroulé ma vie, en particulier les 15 dernières années. J’ai vu comme un nez au milieu de la figure, à quel point j’avais vécu dans un sentiment d’insécurité toute cette longue période ; une insécurité sentimentale et matérielle. Quand ce n’était pas la première, c’était la seconde.
Les épisodes de difficultés, voire de détresse, se succédaient et se superposaient même. Et le stress est reconnu dans la littérature scientifique, particulièrement Guérir et Anticancer de David Servan-Schreiber, comme un facteur important dans l’inflammation des cellules et la perturbation du travail des cellules immunitaires et NK (Natural Killer) qui, tous les jours, tuent des cellules suspectées anarchiques.
J’avoue que je me pensais à l’abri de tout cela. Je ne pensais pas que ma vie était si désordonnée, que les décisions professionnelles difficiles que j’avais prises avaient eu un tel impact, que les amours "toxiques", mes séparations et la difficulté d’établir des liens durables et de qualité n’étaient finalement pas si bien digérées. Toutes ces années, je m’étais fait du mauvais sang. Je me pensais à l’abri, d’autant que j’avais fait un "travail sur moi", que je méditais régulièrement, que j’avais suivi des retraites, que je pratiquais le Qi Qong et que je me faisais masser au moins une fois par mois, avec de temps en temps des séances d’acupuncture.
Guérir sa vie et la réussir
Je n’ai pas de réponse toute faite à te donner, malheureusement. Je sais seulement qu’il y a une différence entre la prise de conscience, condition sine qua non à la compréhension de ce qui nous arrive, intellectualiser et intégrer toutes les démarches psychologico-spirituelles. C’est certainement ce que le sage balinais entendait par "lâcher prise" sinon en mourir. Ce lâcher prise, j'ai pu y accéder grâce à cette maladie. Oui, tu as bien entendu, j’ai bien dit grâce et pas à cause de cette maladie.
Guérir sa vie, c’est assurément la réussir. Je ne dis pas que mon cancer du sein est né uniquement de mes choix et dilemmes existentiels, un cancer est multifactoriel. Un an avant, mes examens de routine n’avaient rien décelé. Je suis persuadée, sans preuve aucune, sauf ma forte intuition, que le terrain y était favorable et qu’il y eu des facteurs déclenchant, tel des interrupteurs qui en les actionnant, révèlent ce qu’il y a dans une pièce. C’est peut-être un dérèglement hormonal, une surexposition à des ondes wifi, une modification de mon alimentation… Peu importe, il était là et il fallait faire avec. Il était là et il fallait qu’il serve à quelque chose. J’en ai fait un instrument de guérison, l’occasion d’en sortir plus grande et plus forte.
Des thérapeutes, j’en ai vu plein. Seule la médecine chinoise et la médecine quantique – séances de respiration, reprogrammation cellulaire, et lieu de parole – m’ont suivies et me suivent encore aujourd’hui. J’applique toujours les conseils d’Arletty A., ma conseillère en nutrition vivante, même si je remange des fruits et m’accorde plus de variétés. J’ai aussi fait appel à d’autres pratiques ponctuellement, je t’en parlerais une autre fois.
L’aventure ne fait que commencer.
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