En 2010, l’OMS classait le fluor parmi les dix produits les plus toxiques pour l’environnement. Également déclaré par l’Europe comme "substance dangereuse prioritaire" depuis 2013, il reste malgré tout prescrit aux enfants par les pédiatres.
Eau du robinet, dentifrice, textiles, le fluor est partout. Alors, comment est-il devenu le toxique le plus délivré officiellement à la population ?
Utilisé par le géant américain de l’aluminium Alcoa depuis les années 1930, le produit était à l’origine des fluoroses du personnel de l’usine, probablement contaminé par les fumées toxiques répandues dans l’environnement. Si des menaces de procès s’ébruitent, l’entreprise rebondit rapidement par le financement d’une campagne médiatique prônant les bienfaits du fluor.
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À une époque où les problèmes bucco-dentaires sont un fléau mondial, la simple idée qu’une substance chimique puisse effacer les peurs et les caries fut suffisante pour en oublier sa toxicité.
Une substance ambivalente
En surface, le fluor protège la dent de la déminéralisation. Bien dosé, il contribue à l’équilibre et à la santé bucco-dentaire. Cependant, il peut avoir des conséquences catastrophiques sur le long terme et le prix à payer sur le plan général de la santé est encore grandement négligé. En effet, le fluor maintient un émail instable qui pourrait, avec l’âge, devenir plus susceptible à la carie.
Un fonctionnement caractéristique...
Le fluor, qui est un halogène, se fixe à un grand nombre de substances dans le corps, perturbant ainsi leur destination finale. En adhérant aux minéraux comme le calcium et le magnésium, il empêche leur fixation. Il se lie également aux métaux comme le plomb ou l’aluminium, perturbant leur élimination. Par conséquent, les populations vulnérables, carencées en calcium, magnésium, vitamine C et vitamine D, sont exposées à un risque d’intoxication et peuvent voir leurs carences s’aggraver par un apport de fluor.
… et ses répercussions
En 2008, le Professeur Michel Goldberg, expert de l’Afssaps (Agence Française de Sécurité Sanitaire et des Produits de Santé), demandait aux médecins de faire machine arrière concernant le fluor, à la stupeur générale puisqu’il en fut lui-même pendant des années un grand promoteur. Estimant qu’avoir mis du fluor à toutes les sauces était une erreur médicale, sa demande marquait un début de prise de conscience des dégâts causés sur les dents et les os par cette substance.
Depuis, des études scientifiques démontrent que le fluor endommage le cerveau, perturbe les comportements et l’apprentissage, entraînant de surcroît une baisse du QI. Ajoutons que ce dernier provoquerait une puberté précoce, une déficience en iode, avec de l’hypothyroïdie, et jouerait un rôle dans le développement de cancers des os chez des hommes jeunes... La liste est longue, et inquiétante.
Une surexposition préoccupante
Dans certaines régions de France, comme le Bordelais, l’eau potable est naturellement riche en fluor, à des taux supérieurs aux normes. Aucune information n’est donnée à la population, ni aux dentistes ou aux médecins, qui continuent à conseiller dentifrices et comprimés de fluor alors que la population de la région connaît déjà un surdosage. Les cas de fluorose, pathologie liée à un excès de fluor, y sont par ailleurs nombreux.
Si nous avons conscience que certains éléments de notre quotidien contiennent du fluor, comme le sel de cuisine, les chewing-gums, le dentifrice et certaines obturations dentaires, d’autres sont bien moins notoires. De fait, les industriels mettraient du fluor et ses dérivés, comme les perfluorocarbures (PFC) ou l’acide perfluoro-octanoïque (PFOA), dans des textiles utilisés pour faire des vêtements, des poêles en téflon, et dans des objets bien plus surprenants comme... les boîtes à pizzas. Une utilisation critique dans le cas du PFOA, à qui l’on attribue une part de responsabilité dans les maladies cardiaques, les cancers du rein et des testicules. Un toxique dangereux pour tous, puisque ce dernier passe même dans le lait maternel.
Alors devons-nous nous passer du fluor ? Face aux aberrations alimentaires et aux grands changements sociétaux qui ont perturbé l’équilibre de nos dents, il paraît plus simple de "cacher la misère" que de changer nos habitudes. Diminution de la mastication, alimentation déséquilibrée et carencée, apparition d’une alimentation plus molle et plus acide… Un contexte qui pousse à croire que le fluor aiderait nos dents à se maintenir en bonne santé. Mais les effets secondaires sur la population sont bien trop préoccupants et nécessitent d’être pris au sérieux parles professionnels de santé.
Catherine Rossi est chirurgien dentiste, responsable scientifique de naturebiodental.com