Cette nouvelle émission, c’est une opportunité ou un engagement ?
Les deux, sans aucun doute ! C’est une opportunité professionnelle, bien sûr, mais c’est aussi une opportunité citoyenne et donc une forme d’engagement. Je pense que c’est la suite logique de mon travail à LCP : je ne compte plus les émissions que j’ai consacrées à l’écologie. Nous avons traité des pesticides, de la qualité de l’air, de la pollution de l’eau… Nous les avons abordés à travers le prisme politique. Passage au vert permet de prendre un autre angle pour parler de sujets qui intéressent tout le monde aujourd’hui.
Etait-il pertinent de lancer une nouvelle émission sur l’écologie aujourd’hui ?
Quand le sujet était à la mode, toutes les chaînes de télévision voulaient avoir leur propre émission consacrée à l’écologie et le développement durable. Aujourd’hui, c’est nettement moins évident. Les Français sont plus préoccupés par leur emploi, les médias suivent. Avec Passage au vert, Ushuaïa TV sort du lot, car elle n’est pas suiviste mais propose de s’interroger sur des sujets d’avenir.
Dans ce rôle les médias sont vraiment à leur place ?
Oui, et encore oui. Les médias doivent être des alerteurs. Les sujets dont nous parlons aujourd’hui dans l’émission, comme les toilettes sèches, peuvent paraître anecdotiques. Mais dans vingt ans, ils seront au premier plan. Les médias doivent oser parler, quitte à choquer les grands lobbies de l’agroalimentaire, du pétrole et des pesticides.
A ce niveau-là, ça devient politique, non ?
Il y a un moment où l’écologie devient forcément politique. Il faut prendre les problèmes qu’elle englobe à bras le corps et y apporter des réponses. On ne peut pas dire que l’on va réduire le déficit commercial de la France en augmentant l’exportation des produits agricoles français et en même temps décider de réduire de 20% les pesticides utilisés. C’est impossible et il faut choisir, trancher. C’est une question qui n’est ni de droite ni de gauche, mais c’est une question politique.
Quel sujet écologique vous préoccupe particulièrement ?
Les pesticides, très clairement. Ils ont transformé les agriculteurs en industriels de la terre, qui ne se soucient plus de la qualité du produit qu’ils proposent mais uniquement de la quantité qu’ils vont produire pour savoir s’ils rentrent dans leur frais. Les agriculteurs ont été victimes de ce système du toujours dans lequel on les a poussés, mais on ne peut plus continuer comme cela. C’est dangereux et malhonnête.
Trois questions courtes pour finir. Une personnalité politique crédible sur les questions écologiques ?
Corinne Lepage. C’est une femme qui connaît ces questions, qui est écoutée et respectée quand elle parle. Elle essaie de créer un parti transversal ni de droite ni de gauche mais fédéré autour de l’écologie. Il est évident que le reste de la classe politique est en retard sur cette question pourtant cruciale.
Un héros green ?
Pierre Rabhi. J’aime son idée de frugalité. C’est vraiment ce dont on a besoin. Il faut penser un monde où tout serait plus sage. On n’est pas fort car on consomme. Pour être citoyen, pas besoin d’acheter une nouvelle voiture par semaine ou un aspirateur par jour !
Quel type d’écolo êtes-vous ?
Ecolo-bobo ! Je suis à fond dans le recyclage, presque incollable sur le tri sélectif ! Je fais aussi très attention à la nourriture, le bien-être alimentaire est à la base de notre équilibre. J’aime tout ce qui est locavore et circuits courts. Ca m’intéresse beaucoup. Par contre, j’avoue un point faible pas du tout écolo : le Kinder Bueno. Mieux vaut ne pas savoir ce qu’il y a dedans, mais qu’est-ce que c’est bon !