Manger plus sain et plus bio, consommer moins de viande... Est-ce dans l’air du temps ?
Je n'ai pas la télévision, mais j'ai l'impression que ces derniers temps plusieurs émissions, reportages ou faits d'actualité ont frappé les esprits. Par les médias de masse, ces informations arrivent chez tout le monde, ce n'est plus réservé à un petit milieu. Du coup, les interrogations sur nos modes de vie sont plus diffuses.
Quelle est la porte d'entrée dans la consommation plus saine ?
Chacun arrive avec la motivation qui lui est est propre : sa santé, l'environnement, les animaux… Mais tous se posent la même : « où puis-je trouver les produits qui correspondent à ce que je veux consommer ? ». On peut donc s'interroger ce que l'on trouve au supermarché et se dire que l’on peut peut-être en sortir. Il ne s'agit pas de ne plus aller du tout au supermarché, mais de s’ouvrir à d’autres façons de consommer. L’acte d’achat prend un autre sens car on a envie de se tourner vers de la qualité.
Justement, qu’est-ce la qualité ?
Une alimentation de qualité est en grande partie bio mais c'est aussi un questionnement sur la saisonnalité, les lieux d'achat… Si consommer bio se résume à la consommation en supermarché, on peut se retrouver à manger des fruits emballés dans du plastique qui viennent du bout du monde. Ce n'est pas de l’alimentation de qualité.
Passer au bio et passer au plus sain, ce sont deux choses différentes ?
Manger bio ne veut pas forcément dire manger sain. Aujourd'hui, on peut transférer presque à 100 % son panier de supermarché vers un panier de supermarché bio. On aura moins de pesticides et d’additifs dans notre assiette, mais il peut y avoir tout autant de mauvais gras et de sucre ! L’équilibre alimentaire va un peu au-delà de la simple étiquette bio…
Il faut donc consommer autrement, mais qu'est-ce que cela veut dire ?
Si on va vers le bio et le plus sain sans que ça nous coûte plus cher, on va consommer plus de produits bruts et moins de produits transformés. Le changement le plus marqué va donc être au niveau du goût : nous allons manger moins sucré. C’est une bonne nouvelle pour notre santé, mais il faut s'y habituer !
N'est-ce pas un grand changement pour les enfants ?
Ce peut être troublant pour un enfant de ne plus trouver ses petites habitudes dans les placards. Il est essentiel de parler et d’expliquer notre motivation à changer d’alimentation. Cela sera de plus beaucoup plus intéressant pour eux que si on se limite à remplacer les céréales du matin du jour au lendemain sans leur dire ! De plus, en les incluant dans la démarche, on passe dans une logique de collectif familial, c’est motivant pour tout le monde.
Dans quels domaines les enfants peuvent-ils devenir acteurs de ce changement de mode de vie ?
Ils peuvent participer à la recherche de nouveaux lieux de consommation, comme les AMAP ou les marchés. Et surtout, ils peuvent participer en cuisine ! On peut commencer par une recette sympa en famille le week-end. Mais au quotidien, cela peut être de donner un coup de main pour éplucher les légumes, les couper… C'est aussi de la cuisine ! Avant 8-9 ans, ils sont très demandeurs car ils ont envie de participer à la vie quotidienne de la maisonnée. Au-delà, ça va dépendre de ce qui se faisait avant. Pour des ados peu habitués à la cuisine, il faut peut-être mieux commencer en leur en mettant plein la vue avec une recette super sympa pour les motiver à mettre la main à la pâte plus régulièrement !
Quelle est l'implication financière de ce changement de mode de vie ?
Ca peut clairement revenir au même que manger standard au supermarché. Ce qui coûtera plus cher, c’est si l’on décide de transformer son panier habituel en un panier 100% bio. Si on veut manger plus sain, donc plus brut, là, on peut s’y retrouver car on gagne en prix sur la matière première. Manger plus sain, c’est aussi manger moins de viande et de produits laitiers, ce qui peut représenter des économies importantes. En consommant plus végétal, on fait clairement des économies : les légumineuses sont bien moins chères que de la viande de qualité.
Pour autant, une alimentation saine n’est pas forcément synonyme de végétarisme ?
Tout à fait. C’est « moins de », et non « pas du tout ». Sur les pyramides alimentaires, la viande rouge est de l’ordre de l’exceptionnel, moins d’une fois par semaine, sur les bases du régime crétois, la viande, c’est deux ou trois fois par semaine maximum, les laitages, sur les bases d’études indépendantes, c’est deux par jour maximum mais ça peut être zéro…
Est-ce que cela implique de passer beaucoup plus de temps en cuisine ?
Par forcément. Souvent, quand on pense à cuisine, on pense à recette. Suivre une recette qu’on découvre, oui, ça prend du temps. Suivre une recette que l’on intégré à notre quotidien, ça prend déjà moins de temps. Mais manger sain, ça peut être faire une poêlée de légumes, et ça, ce n’est pas suivre une recette ! Mais attention, la cuisine simple ne veut pas dire fade : dans la poêlée de légumes, on peut mettre du curry, des épices, avoir épluché un oignon qui va caraméliser et donner du goût… Il ne tient qu’à nous de mettre des épices et des couleurs dans nos plats !
C'est aussi une question d'organisation ?
Tout à fait. Pensez au congélateur ! Assurez-vous que la recette plait à tout le monde, puis passez à la vitesse supérieure. Une très large majorité des recettes se congèlent très bien, faites donc de plus grandes quantités et congelez. Le soir où l’on est un peu pressé ou moins inspiré, on est bien content de trouver un gratin prêt au congélateur !
Maëlle Feret est nutrithérapeute, retrouvez-la sur son site Permis de gourmandise ! Elle a publié Je mange sain en famille aux éditions Eyrolles.