En générant son propre mouvement, en s’affirmant sur la chaussée, en se déplaçant à son rythme, le cycliste s’affranchit de nombreux inconvénients inhérents aux autres modes de déplacement. Le vélo constitue un formidable instrument de liberté et de libération, souvent associé aux résistances pendant la Seconde Guerre mondiale.
Histoire de vélo et de liberté
L’image du vélo est fréquemment associée aux résistants de la Seconde Guerre mondiale, symbole d’une liberté en reconquête. Elle est souvent très cinématographique, à l’image de Jacques Gamblin, parcourant les routes sur l’air des Pêcheurs de perles, opéra de Bizet, dans le film Laissez-passer.
Le vélo a permis aux femmes et hommes de la Résistance de s’organiser, à l’image de Denise Vernay ou de Nancy Wake, qui parcourut plus de 430 km pour aller récupérer des codes secrets. Charlotte Perriand évoque dans son livre Une vie de création le rôle de Pierre Jeanneret dans la Résistance et son nom de code « Guidondevélo » : « Il transportait les messages cachés dans son guidon de vélo. Son vélo était léger, démontable, très pratique ; et Pierre, devenu fort habile, apparemment innocent, circulait, délivrait, participait. Sacré Pierre ! »
Mais n’oublions pas que l’armée des ombres ne fut pas la seule à utiliser la bicyclette. Si les soldats furent parachutés avec des vélos pliables, de nombreuses armées du monde possédaient un corps de cyclistes…
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Le vélo est aussi un instrument de fuite, de dissimulation, comme en témoigne cette anecdote racontée par Gisèle Halimi. La future avocate put éviter son arrestation lors de la Seconde Guerre mondiale grâce au proviseur de son lycée qui la convoyait sur son porte-bagages, détrompant l’ennemi quant à ses origines. C’est aussi pendant la guerre qu’une jeune femme, Anne Golon, parcourt « la France à bicyclette par deux fois pour décrire la beauté de son pays », des échappées qui ont sans doute inspiré cette reporter, puis écrivaine, dans l’élaboration du roman qui lui valut la célébrité : Angélique, Marquise des Anges.
Le vélo comme exercice de liberté, de rapidité, d’adaptabilité, toujours là au moment des crises, constitue un puissant instrument d’émancipation. Ce n’est pas étonnant que les sociétés patriarcales y virent un élément subversif et tentèrent d’en interdire, sinon d’en discréditer, la pratique auprès de la moitié de l’humanité.
Le livre :
Cet extrait est tiré du livre Réenchantons le vélo de Priscilla Parard à paraître le 15 juin 2021 aux éditions Terre vivante.
Priscilla Parard est consultante et formatrice en santé environnement. Elle travaille notamment sur les questions de transition écologique, dont la mobilité, et pratique elle-même le vélotaf et le cyclotourisme.