C’est un marché qui a doublé en 5 ans : l’année dernière en France, le bio a rapporté 13,2 milliards d’euros. 9 consommateurs sur 10 déclarent manger de temps en temps des produits marqués du fameux label «AB» pour «Agriculture biologique». Mais pour remplir l’assiette des Français, il faut désormais produire en quantité industrielle et alimenter les immenses rayons des hypermarchés, quitte à parfois perdre de vue les valeurs originelles du bio.
En Allemagne, dans des fermes géantes, des dizaines de milliers de poules pondent dans de petits nids en plastique sans paille. Leurs œufs sont ensuite acheminés par un tapis roulant long de 300 mètres jusqu’à l’entrepôt où ils seront triés et calibrés par une machine.
A Almeria, en Espagne, les tomates sont produites à perte de vue, été comme hiver, dans des serres recouvertes de plastique. Certains ouvriers agricoles y sont sous-payés et vivent dans des bidonvilles. Le paysage est défiguré, les nappes phréatiques asséchées par cette exploitation intensive.
Le bio, une course aux profits ?
Profitant de l’engouement des consommateurs, la grande distribution appliquerait en effet des marges en moyenne 75% plus élevées dans le bio que dans le conventionnel, selon une étude de l'UFC-Que Choisir !
Même dans des enseignes spécialisées, pionnières du bio, des éleveurs affirment désormais travailler pour à peine 500 euros par mois. Des transformateurs s’inquiètent de la guerre des prix initiée, selon eux, par de nouveaux acheteurs, venus des grandes surfaces traditionnelles.
Qui sont les grands gagnants de ce nouveau marché très lucratif ? L’esprit du bio a t-il déserté les rayons de nos supermarchés ?